Jeux
avec des personnages de la Collaboration*
<< Tu restas quelques temps en Égypte. Comme tu n’avais
plus un sou, tu organisas à Port-Saïd une fête
foraine où tu exhibas tous tes vieux copains. A raison
de vingt dinars par personne, les badauds pouvaient voir Hitler
déclamer dans une cage le monologue d’Hamlet, Goering
et Rudolph Hess faire un numéro de trapèze, Himmler
et ses chiens savants, le charmeur de serpents Goebbels, von Schirach
l’avaleur du sable, […] Un peu plus loin tes danseuses,
les « Collabo’s Beauties », […] il y avait
là Robert Brasillach, costumé en sultane, la bayadère
Drieu la Rochelle, Abel Bonnard la vieille gardienne des sérails,
les vizirs sanguinaires Bonny et Laffont, […] Tes chanteurs
des Vichy-Folies jouaient une opérette à grand spectacle
: on remarquait dans la troupe un Maréchal, […] le
brigadier Darnand et le prince félon Laval. >>
La Place de l’étoile, p.167
Une
Jeunesse (1981)
Jeunesse
(une) [1981] Collection
blanche, Gallimard et Collection Folio (No 1629)
(1985) ; avec un dossier réalisé par Marie-Anne Macé Collection
Folio plus (No 5) (1995)
Résumé
de l'éditeur
<< Dans
un Paris où ils sont livrés à eux-mêmes, deux très jeunes gens,
Odile et Louis, font l'«apprentissage de la ville» et d'une vie
de hasards, d'expédients et d'aventures.
Ils ont pour eux leur innocence et croisent sur leur route
des individus singuliers, émouvants mais quelquefois peu recommandables
qui les entraînent dans des chemins de traverse.
Mais, en définitive, aussi trouble et aussi chaotique que soit
un début dans la vie, il se métamorphose, avec le temps, en un
beau souvenir de jeunesse, que les deux héros de ce livre sont
désormais seuls à partager.>> Une
jeunesse, premières
pages.
La jeunesse
"Tout est parti de cette fille, et je tourne autour d'elle pour
retrouver cette espèce de jeunesse dilapidée,
comme un photographe qui chercherait à... C'est compliqué.
Quand j'étais enfant, livré à moi-même,
il y avait une fille dans l'immeuble, un peu américaine,
qui faisait les Beaux-Arts. Elle devait m'emmener à l'école
mais elle me faisait des mots d'excuses et me traînait
dans des endroits bizarres, un hôtel rue Gît-le-Coeur
et un café, rue du Four, où il y avait des gens
de son âge. Des types qui n'avaient rien à voir
avec ceux du Flore ou des Deux-Magots. Beaucoup plus marginaux,
des desperados. Je me rappelle des choses de l'époque
de la jeunesse de cette fille qui avait 20 ans dans les années
50 et ça se superpose avec ma propre jeunesse et avec
la jeunesse d'aujourd'hui, dans une sorte d'intemporalité. Ça
peut paraître absurde, mais quand j'observe la jeunesse
de maintenant je trouve des ressemblances avec des gens des
années 50. Je reconnais dans la rue des silhouettes
qui m'ont frappé quand j'avais 8 ans. Les époques
ne se ressemblent pas, mais la jeunesse a toujours les mêmes
gestes..." Entretien avec Christophe Ono-dit-Biot
, 27/09/2007, à l'occasion de la parution de Dans le
café de la jeunesse perdue,- © Le
Point N°1828-
JE
"Le «je» de mes autres romans a toujours été un peu
vague, c'est moi et pas moi. Mais utiliser le je me concentre
mieux, c'est comme si j'entendais une voix, comme si je transcrivais
une voix qui me parlait et qui me disait je. Ce n'est pas Jeanne
d'Arc, mais plutôt comme quand on capte une voix à la radio, qui
de temps en temps s'échappe, devient inaudible, et revient. Ce
je d'un autre qui me parle et que j'écoute me donne de la distance
par rapport à l'autobiographie, même si je m'incorpore parfois
au récit."
« Modiano, souvenir écrin »,
entretien avec Antoine de Gaudemar (de), Libération, 26
avril, p. 1-2.
Je* / Héroïnes* féminines
<<- (...) cela me fait penser à ces héroïnes
féminines que l'on retrouve de plus en plus fréquemment
dans vos derniers livres : Des inconnues, La Petite Bijou, Dans
le café de la jeunesse perdue, Dora Bruder également...
On a l'impression que vous vous reconnaissez en elles. Quelque
chose de plus intime, plus personnel que d'ordinaire semble s'exprimer
au travers de ces figures.
PM - Oui, exactement. Je suis tout à fait d'accord. Elles
sont proches de ce que je suis. Elles m'ont permis d'approcher
certaines choses de moi-même. Je me sens quelque part plus
proche de moi avec ces héroïnes qu'avec un je qui
serait d'ordre autobiographique ou qui renverrait à un
narrateur masculin, qu'avec le « Patoche » d'autres
livres. C'est une question d'empathie. Je me sens plus en empathie
qu'avec ce je un peu flottant, qui n'était pas vraiment
moi.>> Entretien
avec Maryline Heck, Magazine Littéraire, n° 490, octobre
2009
JE* et Autofiction*
- On a pu accoler à vos livres l'étiquette d'«
autofiction ». Est-ce une appellation que vous revendiqueriez
?
PM - Savoir si mes livres relèvent de l'autofiction, j'aurais
du mal à le dire. Il y a toujours ce manque de lucidité
sur ce qu'on écrit... Certes, mon narrateur parfois s'appelle
Patrick, Patoche, mais c'est une sorte de facilité. Il
y a Remise de peine, qui a une dimension autobiographique. Mais
j'utilisais le je avant tout parce qu'il me permettait de trouver
un ton, une forme. C'est ça qui est compliqué, quand
on écrit : trouver un ton. Je ne pourrais pas en tout cas
me servir de choses trop intimes de ma vie. Parce que c'est aussi
ça, l'autofiction... Doubrovsky avait sorti un livre dans
lequel il n'hésitait pas à se servir d'éléments
très intimes de sa vie, je trouvais ça un peu gênant.
Mes livres sont moins des autofictions que des rêveries
sur des éléments qui peuvent aussi être loin
de ma sphère personnelle. Le je que j'utilise, je n'ai
en général pas l'impression qu'il s'agit de moi.
Même dans Un pedigree, dans la mesure où j'y parlais
de choses qui m'étaient étrangères, vis-à-vis
desquelles je n'avais aucun sentiment, même quand elles
concernaient ma propre mère... Je voulais me débarrasser
de ces choses dans lesquelles je n'étais pas impliqué,
qui m'avaient fait souffrir mais qui n'étaient pas intimes,
personnelles. De choses intimes, je n'aurais pas pu en parler.
Entretien
avec Maryline Heck, Magazine Littéraire, n° 490, octobre
2009
JUIF
Juif
(se sentir)
<< Dès l’âge de treize ans, il a commencé
à lire des ouvrages trouvés dans la bibliothèque
de son père : les éditions originales des Décombres
(1942) de Lucien Rebatet, de Notre avant-guerre (1941)
de Robert Brasillach et des pamphlets antisémites de Céline.
Inconsciemment, il voulait en savoir plus long sur l’Occupation.
« C’est en les lisant que, par ricochet, je me suis
senti juif. J’ai eu envie de les dérouter. Je voulais
leur donner une réponse qui les désoriente venant
d’un Juif. Non pas une réaction d’indignation,
typiquement institutionnelle mais quelque chose qui les mine de
l’intérieur">>
Son ami Jean-Marc Roberts à écrit : « Pour
moi, son livre idéal devait commencer par cette phrase
: je ne suis même pas juif »
. Livret de l'émission de FR3, Un siècle d'écrivains.
:
J'écris
juif
«Je suis né le 30 juillet 1945, à Boulogne-Billancourt,
11 allée Marguerite, d'un juif et d'une Flamande qui s'étaient
connus à Paris sous l'Occupation. J'écris juif,
en ignorant ce que le mot signifiait vraiment pour mon père
et parce qu'il était mentionné, à l'époque,
sur les cartes d'identité. Les périodes de hautes
turbulences provoquent souvent des rencontres hasardeuses, si
bien que je ne me suis jamais senti un fils légitime et
encore moins un héritier.» Un Pedigree,
roman Gallimard, 2006
Juifs
de France Adolf
Eichman, extrait
des mémoires, (les)
Juifs
de Hongrie* : tout un peuple en danger de mort
<< Selon les informations recueillies à Genève,
près de 12000 juifs seraient déportés chaque
jour vers les camps d’extermination, avec le silence consentant
du régent Horthy. Churchill et Eisenhower peuvent-ils arrêter
cela?
Peut-on encore sauver les 800000juifs de Hongrie? Depuis un mois,
à Berne comme à Genève, la question s’impose
à la communauté diplomatique. Dans les couloirs
du ministère des Affaires étrangères ou du
Comité international de la Croix-Rouge, dans les consulats
des puissances alliées ou neutres, on échange des
informations chaque jour plus terrifiantes, le plus souvent distillées
sur le ton de la confidence. Toutes confirmées par les
dirigeants de l’Eglise protestante, les émissaires
du Vatican, et surtout par les représentants de la communauté
juive de Suisse, qui multiplient les appels au secours.
Ni l’avancée de l’Armée rouge sur le
front de l’Est, ni la percée des forces anglo-américaines
à l’ouest ne conduisent l’Allemagne nazie,
dont la défaite paraît désormais probable,
à renoncer à l’objectif monstrueux qu’elle
s’est fixé: la destruction des juifs d’Europe.
Bien au contraire. Depuis l’invasion de la Hongrie le 19mars
dernier, avec le silence consentant du régent, l’amiral
Horthy, et l’assistance des services de sécurité
et des gendarmes hongrois, la machine nazie à broyer les
juifs bat son plein. Un commando spécial a été
envoyé à Budapest. Composé de SS dirigés
par un certain Eichmann, il est directement placé sous
les ordres de Himmler. Selon certains témoignages, il serait
en mesure de sévir en Hongrie à une vitesse record,
comparé au temps qu’il a fallu, en Pologne et ailleurs,
pour «régler», comme ils disent, la «question
juive».
Les juifs de Hongrie étaient jusqu’ici les seuls
de l’Europe occupée à échapper au pire.
Bien qu’allié au Reich, l’Etat hongrois s’était
refusé à leur appliquer les mesures de ségrégation
exigées par l’Allemagne: ni étoiles jaunes,
ni rafles, ni déportations. Mais, depuis deux mois, voici
qu’à leur tour ils vivent l’enfer. Le port
de l’étoile est imposé et la liste des brimades
ne cesse de s’allonger: interdiction d’exercer une
profession libérale, de sortir la nuit, de quitter les
villes, et même de posséder un téléphone...
Dans la capitale, Budapest, il n’y a pas de ghetto; les
autorités ont préféré regrouper les
juifs dans des immeubles proches des usines, des gares et de toutes
les cibles potentielles de l’aviation alliée, dans
l’espoir que leur présence gêne d’éventuels
bombardements. Cinq jours après l’invasion du 19mars,
le président Roosevelt n’a-t-il pas publiquement
menacé la Hongrie de rétorsion «si elle s’associait
à des exactions contre les juifs»?
En province, en revanche, les juifs sont parqués dans des
ghettos improvisés. Des carrières, des fabriques,
souvent en plein air, près des gares. Entassés derrière
des barbelés, gardés par les gendarmes hongrois,
ils s’entassent par milliers. Leurs rations quotidiennes
se réduisent à 100grammes de pain et 2 tasses de
soupe. Les deux premiers trains spéciaux de déportés
sont partis fin avril, sans doute à destination des camps
de Pologne. Et, depuis la mi-mai, les déportations en masse
se succèdent à raison de quatre convois quotidiens.
De Ruthénie, de Transylvanie puis du reste du pays (mais
pas, ou pas encore, de Budapest), près de 12000juifs sont
déportés par jour, selon un plan de «massacre
scientifique», comme le qualifient certains rapports confidentiels.
Que vont-ils devenir? Ici à Genève, personne ne
se fait plus la moindre illusion sur leur sort: c’est la
mort qui les attend. Dans les discours officiels, on se garde
bien de toute accusation qui risquerait de remettre en cause la
sacro-sainte neutralité suisse. Mais, sur le terrain, certains
n’hésitent plus à braver leur hiérarchie
pour tenter de sauver des vies. A la Croix-Rouge, où l’on
sait tout depuis longtemps, les responsables s’obstinent
au silence pour éviter de compromettre les visites et les
missions d’assistance, notamment aux prisonniers de guerre,
que les Allemands tolèrent difficilement. Le délégué
Maurice Rossel, jeune médecin, vient d’ailleurs de
recevoir l’autorisation de visiter le camp de Theresienstadt,
près de Prague, où il sera le 27juin prochain, avant
de se rendre au camp d’Auschwitz sans doute fin septembre.
Mais, à Budapest, le délégué Friedrich
Born et son équipe outrepassent les directives du CICR,
à la recherche de sauf-conduits et de visas d’émigration
pour tenter de soustraire les juifs à la déportation.
On murmure aussi que le vice-consul suisse à Budapest,
Carl Lutz, a des ennuis avec son ministère de tutelle:
il a obtenu 8000visas pour la Palestine et placé de nombreuses
familles juives sous sa protection dans des maisons ou des appartements
de la capitale hongroise.
Ces hommes de courage ne sont pas les seuls: plusieurs autres
diplomates de pays neutres en poste à Budapest s’activent
pour tenter de sauver des juifs. Un homme d’affaires suédois,
Raoul Wallenberg, s’apprête aussi à rejoindre
Budapest, porteur de nombreux sauf-conduits pour les juifs..
Ces actes isolés suffiront-ils à enrayer le plan
des nazis? On en doute. Au cours du mois de mai, un Comité
de Secours créé par un groupe de juifs hongrois
- de la tendance sioniste pour la plupart - a réussi à
faire parvenir ce message aux Alliés: bombardez au plus
vite les noeuds ferroviaires empruntés par les trains de
déportés. Cette supplique se heurte aux choix stratégiques
des forces anglo-américaines. Pas un avion ne doit être
détourné de sa mission prioritaire: vaincre l’Allemagne.
Pourtant, détenteurs de plusieurs rapports de leurs services
secrets, Londres et Washington ont en main les preuves de la liquidation
systématique des juifs déportés dans les
camps, notamment dans celui d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne.
Début avril, les pilotes de reconnaissance de la RAF seraient
parvenus, selon des sources proches du Congrès juif mondial,
à prendre des clichés très précis
du camp, y compris des fours crématoires. Au même
moment, deux déportés slovaques, Rudolph Vrba et
Alfred Wetzler, sont parvenus à s’échapper
d’Auschwitz. Ils ont fait le récit détaillé
des conditions de vie au camp, des gazages et des meurtres auxquels
ils ont assisté. Ils ont aussi alerté sur les préparatifs
des nazis en vue de l’anéantissement des juifs de
Hongrie. Maintes fois vérifiés avant d’être
diffusés, ces témoignages ont provoqué l’écoeurement
du chef de poste de l’OSS à Berne, l’Américain
Allan Dulles. Et l’accablement du Premier ministre Churchill
lui-même, qui s’est exclamé à sa lecture:
«Que peut-on dire, que peut-on faire?»
A Washington, l’influent rabbin Stephen Wise, du Congrès
juif mondial, a de nouveau plaidé auprès du président
Roosevelt l’urgence d’un bombardement des voies ferrées
et du camp d’Auschwitz. A Londres, Haim Weizmann, le président
du Mouvement sioniste, relaie la même demande auprès
du Premier ministre, Churchill, qui a chargé Anthony Eden
du dossier. Sans résultat jusqu’ici. L’étude
de faisabilité commandée par le Foreign Office au
ministère de l’Air ne serait pas probante...
Harcelés par les nazis et leurs séides locaux, les
responsables de la communauté juive de Hongrie désespèrent.
Tout le monde sait, personne ne fait rien. Et parce que, mieux
que quiconque, ils savent que chaque minute de répit est
une vie sauvée, certains tentent le tout pour le tout.
Quitte à remiser leurs scrupules. Il y a quelques jours,
deux émissaires du Comité de Secours juif de Budapest,
dont un certain Joël Brandt, ont été secrètement
autorisés par les nazis à se rendre à Istanbul
pour y rencontrer des représentants des Alliés et
du leader sioniste de Palestine, David Ben Gourion. Ils seraient
porteurs d’un incroyable message: les SS accepteraient de
laisser la vie sauve aux juifs hongrois en échange de la
livraison de marchandises, parmi lesquelles 200 tonnes de thé,
200 tonnes de café, 2 millions de caisses de savon et 10000
camions militaires. Etudiée au plus haut niveau, cette
offre est débattue par les Alliés. Ils y voient
un vulgaire chantage, doublé d’un piège politique:
comment les Russes pourraient-ils admettre qu’on livre à
la SS des camions qui seraient aussitôt utilisés
contre eux, sur le front de l’Est?
A Budapest, on s’accroche pourtant à ce frêle
espoir. L’homme du Comité de Secours juif chargé
de la négociation avec les SS, Rezo Kasztner, exige des
gages et finit contre toute attente par les obtenir. Un train
avec 1684 juifs à son bord a quitté Budapest en
direction de la Suisse, qui accepte de les accueillir malgré
les dispositions limitant l’afflux de réfugiés.
Ces hommes, ces femmes, ces enfants seront-ils parmi les rares
survivants d’une Hongrie «Judenfrei», pour reprendre
le vocable nazi? C’est hélas ce que l’on peut
craindre.>> Par Henri Guirchoun,
Nouvel Observateur, semaine, du 3 mai 2004.
LOI portant statut
des juifs.
18
Octobre 1940 JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE
LOI portant
statut des juifs.
Nous,
Maréchal de France, chef de l'Etat français,
Le conseil des ministres entendu,
Décrétons:
Art. 1. - Est regardé comme juif, pour l'application de
la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents
de race Juive ou de deux grands-parents de la même race,
si son conjoint lui-môme est juif.
Art. 2. - L'accès et l'exercice des fonctions publiques
et mandats énumérés ci-après sont Interdits aux juifs:
1 Chef de l'État, membre du Gouvernement, conseil d'État,
conseil de l'ordre national de la Légion d'honneur, cour
de cassation, cour des comptes, corps des mines, corps
des ponts et chaussées, Inspection générale des finances,
cours d'appel, tribunaux de première instance, Justices
de paix; toutes juridictions d'ordre professionnel et
toutes assemblées issues de l'élection.
2. Agents relevant du département des affaires étrangères,
secrétaires généraux des départements ministériels, directeurs
généraux, directeurs des administrations centrales des
ministères, préfets, sous-préfets, secrétaires généraux
des préfectures, Inspecteurs généraux des services administratifs
au ministére de l'intérieur, fonctionnaires de tous grades
attachés à tous services de police.
3. Résidents généraux, gouverneurs généraux, gouverneurs
et secrétaires généraux des colonies, Inspecteurs des
colonies.
4. Membres des corps enseignants.
5. Officiers des armées de terre. de mer et de l'air.
6. Administrateurs,.
directeurs, secrétaires généraux dans les entreprises
bénéficiaires de concessions ou de subventions, accordées
par une collectivité publique, postes à la nomination
du Gouvernement dans les entreprises d'intérêt général.
Art. 3. - L'accès et l'exercice de toutes les fonctions
publiques autres que celles énumérées à l'article 2 ne
sont ouverts "aux Juifs que s'ils peuvent exciper
de l'une des conditions suivantes:
a) Etre titulaire de la carte de combattant 1914-1918
ou avoir été cité au cours de la campagne 1914-1918;
b) Avoir été cité à l'ordre du Jour au cours de la campagne
1939-1940;
c) Etre décoré
de la Légion d'honneur à titre -militaire ou de la médaille
militaire.
` Art. 4. - L'acces et l'exercice des professions libérales,
des professions libres, des fonctions dévolues aux officiera
ministériels et à tous auxiliaires de la justice sont
permis aux juifs, à moins qui des règlèments d'administration
publique n'aient fixé pour eux une proportion déterminée.
Dans ce cas, les mêmes règlements détermineront les conditions
dans lesquelles aura lieu l'élimination des juifs en surnombre.
5. - Les juifs ne pourront sans condition ni réserve,
exercer l'une quelconque des professions suivantes :
Directeurs, gérants, rédacteurs de Journaux, revues, agences,
ou périodiques, à l'excepdon des publications de caractère
strictement scientifique.
Directeur, administrateurs, gérants d'entreprises ayant
pour objet la fabrication, l'impression, la distribution,
la présentation de films cinématographiques; metteurs
en scène et directeurs de prises de vues, compositeurs
de scénarios, directeurs, administrateurs, gérants de
salles de théâtres ou de cinématographie; entrepreneurs
de spectacles, directeurs, administrateus, gérants de
toutes entreprises se rapportant à la radiodiffusion.
Des règlements d'administration publique fixeront, pour
chaque catégorie, les conditions dans lesquelles les autorités
publiques pourront s'assurer du respect, par les intéressés,
interdictions prononcées au présent article, ainsi que
les sanctions attachées à ces interdictions.
Art. 6. - En aucun cas, les juifs ne peuvent faire partie
des organismes chargés de représenter les professions
visées aux articles 4 et 5 de la présente loi ou d'en
assurer la discipline.
Art. 7- Les fonctionnaires juifs visés auxarticles 2 et
3 cesseront d'exercer leurs fonctions dans les deux mois
qui suivront la promulgation de la présente loi. Ils seront
admis à faire valoir leurs droits à la retraite s'ils
remplissent les conditions de durée de service; à une
retraite proportionnelle s'ils ont au moins quinze ans
de service; ceux ne pouvant exciper d'aucune de ces conditions
recevront leur traitement pendant une durée qui sera fixée,
pour chaque catégorie, par un règlement d'adminis- tration
publique.
Art. 8. -
Par décret individuel pris en conseil d'État et dûment
motivé, les juifs qui, dans les domaines littéraire, scientifique,
artistique; ont rendu des services exceptionnels à l'Etat
français, pourront être relevés des interdictions prévues
par la présente loi.
Ces décrets et les motifs qui les justifient seront publiés
au Journal officiel.
Art. 9. - La présente loi est applicable à l'Algérie,
aux colonies, pays de protectorat et territoires sous
mandat.
Art. 10. - Le présent décret sera publié au Journal officiel
pour être observé comme loi de l'Etat.
Fait À Vichy, le 4 octobre 1940.
Ph PETAIN
Par le Maréchal de France, chef de l'État français
La vice-président
, du conseil,
PIERRE LAVAL.
Le garde
des sceaux,
ministre secrétaire d'État à la justice,
RAHAEL ALIBERT.
Le ministre
secrétaire d'État à l'intérieur,
MARCEL PEYROUTON
le ministre
secrétaire d'Etat aux affaires étrangères
PAUL
BAUDOUIN.
le ministre
secrétaire d'Etat à la guerre
G. HUNTZIGER
le ministre
secrétaire d'Etat aux finances
YVES
BOUTHILLIER
le ministre
secrétaire d'Etat à la marine
A. DARLAN
le ministre
secrétaire d'Etat à la production industrielle et au travail
RENE
BELIN
le ministre
secrétaire d'Etat à l'agriculture
PIERRE
CAZIOT |
LOI sur les
ressortissants étrangers
de race Juive.
Nous,
Maréchal de France, chef de l'Etat français,
Le conseil des ministres entendu,
Décrétons:
Art. 1. -
Les ressortissants étrangers de race juive pourront, à
dater de la promulgation de la présente loi, être internés
dans des camps spéciaux par décision du préfet du département
de leur résidence.
Art. 2. -
Il est constitué auprès du ministre decrétaire d'Etat
à l'intérieur une commission chargée de l'organisation
et de l'administration de ces camps.
Cette commission
comprend :
Un inspecteur
général des services administratifs ;
Le directeur
de la police du territoire et des étrangers, ou son représentant
;
Le directeur
des affaires civiles du ministère de la justice ou son
représentant ;
Un représentant
du ministère des finances.
Art. 3. -
Les ressortissants étrangers de race juive pourront en
tous temps se voir assigner une résidence forcée par le
préfet du département de leur résidence.
Art. 4. -
Le present décret sera publié au journal officiel pour
être observé comme loi de l'Etat.
Fait à Vichy,
le 4 octobre 1940.
PH. PETAIN
Par le maréchal
de France chef de l'Etat français.
Le minisitre
secrétaire d'Etat à l'intérieur,
MARCEL PEYROUTON
Le ministre
secrétaire d'Etat aux finances
YVES BOUTHILLIER
Le garde
des sceaux, ministre secrétaire d'Etat à la justice
RAPHAEL
ALIBERT |
~~~~~~~~~~
Le
journal intime par Dominique Kunz Westerhoff
Cours en ligne de l'Université de Genève
Jour
"J" "La lente naissance du jour J"
de Jean-Michel Dumay, ©
Le Monde du 06-06-2004
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