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Au Temps
Dictionnaire Patrick Modiano

Bernard Obadia

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B  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M  N  O  P  Q  R  S  T  U  V  W  X  Y  Z 

B  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M  N  O  P  Q  R  S  T  U  V  W  X  Y  Z

Q

Quarante sept (47) / Naissance* (date de)
<< - Ce n'est tout de même pas un hasard si Rue des Boutiques Obscures compte 47 chapitres, 1947 étant aussi la date de naissance de votre frère, date que vous vous êtes un temps attribuée, alors que vous êtes né en 1945...
PM - Oui, là ce n'est pas un hasard. Ce chiffre 47 m'a travaillé. Quand j'avais 19 ans, j'avais falsifié mon passeport pour faire croire que j'avais 21 ans, l'âge de la majorité. J'avais inscrit « 1943 » au lieu de « 1945 ». Après, je l'ai refalsifié pour rétablir la date, mais il était plus facile de transformer le 3 en 7 qu'en 5. Je me suis alors trouvé pris à mon propre piège : Gallimard avait photocopié mon passeport car j'étais en lice pour le prix Fénéon, un prix décerné à de jeunes écrivains... il fallait prouver que l'on n'avait pas encore 35 ans. Du coup, cette date de 1947 s'est trouvée officialisée, et cela m'a poursuivi.
>> Entretien avec Maryline Heck, Magazine Littéraire, n° 490, octobre 2009

Quartiers
« Il avait toujours imaginé qu'il pourrait retrouver au fond de certains quartiers les personnes qu'il avait rencontrées dans sa jeunesse, avec leur âge et leur allure d'autrefois. Ils y menaient une vie parallèle, à l'abri du temps... Dans les plis secrets de ces quartiers-là, Margaret et les autres vivaient encore tels qu'ils étaient à l'époque. Pour les atteindre, il fallait connaître des passages cachés à travers les immeubles, des rues qui semblaient à première vue des impasses et qui n'étaient pas mentionnées sur le plan. En rêve, il savait comment y accéder à partir de telle station de métro précise. Mais, au réveil, il n'éprouvait pas le besoin de vérifier dans le Paris réel. Ou plutôt, il n'osait pas... » in l'Horizon, roman 2010

 

 

 

Quartier Perdu (1984)

Quartier perdu [1984] Collection blanche (1985), Gallimard  et  Collection Folio (No 1942) (1988)
Résumé de l'éditeur
Un dimanche de juillet, Ambrose Guise arrive à Paris. Personne. Sauf les statues. Une ville fantôme, lui semble-t-il, après un bombardement et l'exode de ses habitants. Auteur de romans policiers anglais, il vient rencontrer son éditeur japonais. Mais il va profiter de ce voyage pour élucider les mystères de son passé, du temps où il était français et s'appelait Jean Dekker, il y a vingt ans. Il fait alors surgir dans un Paris crépusculaire, halluciné, des lieux étranges : une chambre secrète rue de Courcelles, en face d'une pagode ; un grand rez-de-chaussée donnant sur un jardin, place de l'Alma. Il réveille les spectres de Georges Maillot, au volant de sa voiture blanche, de Carmen Blin, Ghita Wattier, des Hayward... Tout un quartier perdu de la mémoire est ainsi revisité, et délivre le secret de ses charmes, et de ses sortilèges.

Quartier perdu, premières pages

15 quai Conti, Paris
L'appartement où il vécut plusieurs années avec ses parents
, au troisième étage.

         

 

                            

Depuis la fenêtre du 15 quai Conti
<< A cet instant, le bateau-mouche est apparu. Il glissait vers la pointe de l’île ; sa guirlande de projecteur braquée sur les maisons des quais. Les murs de la pièce étaient brusquement recouverts de tâches, de points lumineux et de treillages qui tournaient et venaient se perdre au plafond. Dans cette même chambre, il y a vingt ans, c’étaient les mêmes ombres fugitives et familières qui nous captivaient, mon frère Rudy et moi, quand nous éteignions la lumière au passage de ce même bateau-mouche.>> Livret de famille, roman, 1977

Raymond QUENEAU (1903-0976)


1. Article de l'Encyclopédie Hachette-Yahoo
L’auteur de Zazie dans le métro: pataphysicien, membre de l’académie Goncourt, directeur de l’encyclopédie de la Pléiade, membre de la société mathématique de France... Un authentique homme d’influence dans un milieu qui en compte peu. Modiano l’a rencontré pour la première fois à l’âge de quinze ans dans le microcosme de Saint-Germain-des-Prés que fréquentait sa mère. Peu après, en classe terminale, le lycéen de Henri IV connut quelques difficultés en mathématiques. Aussi prit-il l’habitude de se rendre régulièrement chez Queneau pour y suivre des cours de géométrie dans l’espace. Plus tard, ce professeur de rêve l’introduisit dans les cocktails littéraires que la maison Gallimard offrait rituellement en juin. C’est tout naturellement à Raymond Queneau que le jeune Modiano remet le manuscrit de son premier livre La place de I’Etoile. « Il était très attentif à ce que pouvait faire un jeune romancier. La seule chose qui l’ennuyait, c’était ce qu’il percevait comme une critique anti-israélienne. Il est vrai que le contexte de la guerre des Six Jours n’arrangeait rien. « Peu après, Queneau est
son témoin, le jour de son mariage à la mairie de Saint- Sauveur. La cérémonie manque de mal tourner, le témoin de la mariée, André Malraux ayant engagé avec Queneau une conversation de plus en plus vive au sujet d’un tableau de Dubuffet.

2. Dans Ephéméride, la nouvelle que PM publia en 2002, il rapporte certains souvenir liès à la figure de Raymond Queneau.
<< A Paris, à la même époque, je vais déjeuner chez Raymond Queneau, le samedi. Souvent, au début de l'après-midi, nous prenons ensemble un taxi, et de Neuilly nous revenons tous deux sur la Rive gauche.Il me parle d'une promenade qu'il avait faite avec Boris Vian dans une petite rue que presque personne ne connaît, tout au fond du XIIIe arrondissement, entre le Quai de la Gare et la voie ferrée d'Austerlitz : rue de la Croix-Jarry. Il me conseille d'y aller. Plus tard, chaque fois que nous nous verrons, nous parlerons de cette rue de la Croix-Jarry. Il y a quelque temps, j'ai lu que les moments où Queneau a été le plus heureux, c'était quand il devait écrire des articles sur Paris pour L'Intransigeant et qu'il se promenait l'après-midi à travers les rues.Je me demande si ces années mortes en valaient vraiment la peine. Les seuls instants où j'étais vraiment moi-même : ceux où je me retrouvais seul dans les rues, comme Queneau, à la recherche des chiens d'Asnières.J'avais deux chiens en ce temps-là. Ils s'appelaient Jacques et Paul. A Jouy-en-Josas, en 1952, nous avions une chienne, mon frère et moi, qui s'appelait Peggy et qui s'est fait écraser, un après-midi, rue du Docteur-Kurzenne. Queneau aimait beaucoup les chiens.Il m'avait parlé d'un western où l'on assistait à une lutte sans merci entre des Indiens et des Basques. La présence des Basques l'avait beaucoup intrigué et l'avait fait rire. J'ai fini par trouver quel était ce film : Thunder in the sun, "Caravane vers le soleil", un western en Technicolor de Rusel Rouse, avec Susan Hayward, Jeff Chandler et Jacques Bergerac. Le résumé indique bien : Les Indiens contre les Basques. J'aimerais voir ce film en souvenir de Queneau dans un cinéma Bikini, Magic ou Neptuna que l'on aurait oublié de détruire, au fond d'un quartier perdu.>>

3. Raymond Queneau : an annotated Bibliography and Research Aid /anglais/
(Charles T. Kestermeier, S.J., Creighton University, Nebraska)

 4. Raymond Queneau, un soiffard de savoirs  
par Suzanne Bagoly, Centre de Documentation Raymond Queneau, Verviers, Belgique) : biographie, bibliographie, manuscrits, peintures, liens et contacts, en préparation, nouveautés et forum.

5. Raymond QUENEAU  Keni Keno  
Site de Jean-Pierre Longre (auteur d'une thèse sur Queneau et le théâtre). Il signale en particulier une adaptation radiophonique, en 1949, du roman de George du Maurier, Peter Ibbetson, rediffusée en 1962.

6. Raymond Queneau, Entretien avec Phlippe Lançon.
(...) <<
Le premier écrivain que vous avez connu est Raymond Queneau. Plus tard, avec Malraux, il a été témoin à votre mariage. Comment est-il entré dans votre vie ?
De 11 à 17 ans, j'ai été dans des pensionnats. Quand j'étais à Paris, je pouvais sortir le samedi et j'allais chez mes parents. Ma mère connaissait la femme de Queneau et un samedi, à déjeuner, il se trouvait là. J'avais quatorze ans et demi. Il a dû voir que j'étais un peu livré à moi-même. Par gentillesse sans doute, il m'a dit : tu peux venir déjeuner chez moi le samedi. Donc, de fin 1959 à juin 1960, quand j'étais interne au lycée Henri IV, je suis allé déjeuner chez lui. Il était souvent seul, le samedi. Il habitait rive droite, près du Pont de Neuilly, c'était une espèce de bloc d'immeubles 1930. Square Casimir Pinel, c'est ça ! Un nom qui aurait pu figurer dans ses livres. Ensuite, il me raccompagnait en taxi, rive gauche, où il allait voir... une amie, place Saint-André-des-Arts.
Vous parliez de quoi ?
Comme il était obsédé par les mathématiques, il m'aidait à faire mes devoirs de ce qu'on appelait alors géométrie dans l'espace. Moi, je n'y comprenais rien. Il essayait de m'expliquer. C'était un ou deux ans après Zazie dans le métro . Il me disait qu'il l'avait écrit à partir d'équations. C'était très obscur pour moi. Il était assez taciturne. Il me demandait mes lectures. Il avait été intrigué, parce qu'elles étaient assez incohérentes à l'époque. Par exemple, j'avais lu un texte de Léon Bloy, Belluaires et porchers . Pour un garçon de ma génération, c'était bizarre. Plus tard, j'ai lui dans son journal qu'il avait été obsédé par Léon Bloy.
Aviez-vous lu les livres de Queneau ?
Deux, surtout : Pierrot mon ami et Loin de Rueil . Pour moi, ça formait un bloc. Il savait que je m'intéressais à Paris et il m'indiquait des tas d'endroits de promenade, souvent des endroits absurdes et pas du tout pittoresques. Il avait écrit là-dessus dans le journal L'Intransigeant avant la guerre. C'est compliqué à expliquer, ces lieux... Il y avait notamment une rue au fin fond de ce quartier, là, près de la gare d'Austerlitz. Et des endroits à la lisière du XVIIe arrondissement.
Ce qu'un personnage, dans votre roman, appelle des «zones neutres» ?
Non. Les rues de Queneau étaient plus liées au langage, à ses recherches pataphysiques. Les noms étaient ce qui importait. Il avait été surréaliste et je me souviens toujours d'une lettre d'insulte à Claudel, je crois, qui avait été signée par Breton, Aragon, etc., et, parmi tous ces noms, on trouvait celui de Dédé Sunbeam. Ce nom me fascinait. J'ai demandé à Queneau qui c'était et il éclaté de rire.
Il vous a fait rencontrer d'autres écrivains ?
Chez lui, quelquefois, il y avait des gens qui venaient. Il était très ami avec Boris Vian. Et il pouvait m'amener à des fêtes, comme une fois chez Gallimard. J'avais 18 ans. Je le suivais, je n'osais parler à personne. Tous ces écrivains, je ne pensais même pas qu'on pouvait leur parler. J'étais comme quelqu'un qui se serait introduit par effraction.
Comment a-t-il reçu votre premier livre, «La Place de l'Etoile», en 1968 ?
Il était un peu dérouté. Je n'osais pas lui dire que j'écrivais. Puis j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai déposé chez lui le manuscrit, sans le voir et sans le lui dire. J'avais tapé le texte à la machine sans interlignes, c'était très désagréable à lire, très serré. Il était surpris que je ne lui ai rien dit, et le texte était un peu agressif pour lui, je crois. Il l'a fait passer au comité de lecture.
(...) >> Mais qui est Dédé Sunbeam ?, Les premières rencontres littéraires du jeune Modiano. Entretien avec Phlippe Lançon, Libération du 4 octobre 2007

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