École de
Francfort (revisité le
13-02-04)
Dialectiques. Adorno, Horkheimer, Benjamin, Habermas, Marcuse,
Fromm et quelques autres.
"Le site animé par
P. Deramaix sur le courant philosophique désigné par Ecole de Francfort
se donne deux objectifs : d’une part fournir une information historique
et documentaire fiable, de l’autre mettre en lumière les prolongements
actuels de "la théorie critique". La création en 1923
d’un Institut für Sozialforschung, à l’Université de Francfort
est issue d’un rejet des valeurs capitalisme et d’une volonté de
fonder l’ensemble des sciences sur la dialectique marxiste. Très
vite, les membres de l’École de Francfort (Adorno, Benjamin, Horkheimer…)
furent frappés par la dégradation de l’individu libéral et par
l’incapacité parallèle du prolétariat à mettre en pratique l’humanisme
que la bourgeoisie avait trahi. "Dialectiques" s’inscrit
dans la continuité de cette pensée qui vise à "élaborer une
critique radicale de la domination, en cerner les racines théoriques,
et donner écho aux mouvements sociaux et de pensée qui, dans l’Histoire
comme aujourd’hui, tentent d’abolir la dualité sociale entre maîtres
et esclaves." En examinant le concept de rationalité qui sous-tend
la société industrielle contemporaine, les continuateurs de l’École
de Francfort (Herbert Marcuse, Jürgen Habermas, Erich Fromm, Leo
Löwenthal, Friedrich Pollock) dénoncent la double prétention de
la rationalité technocratique de pouvoir maîtriser totalement le
monde concret (individus et nature) grâce exclusivement aux développements
technologiques et de présenter ce type de maîtrise comme la fin
de l’esprit humain." ZazieWeb
Philosophie
en ligne.com
Questions de métaphysique
et d'ontologie. De très nombreux textes en
ligne, et des cours aussi : intelligents, documentés, lisibles.
Prenez votre temps pour découvrir ces travaux de Jean-Pierre Lalloz
La
philosophie contemporaine, la théorie critique et la pensée
postmoderne
NOUVEAU
(27-05-13)
University of Colorado at Denver
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"Fantaisie
mystérieuse de la nature"
Il
faut que l’homme retrouve dans ce monde non seulement un
domicile mais aussi un «chez soi», que son monde ait un ordre,
une culture, un style. Qu’on y respecte avec sensibilité,
même si ce doit être au
détriment de la productivité, le profil du paysage ; qu’on
vénère la fantaisie mystérieuse de la nature, de ses couleurs,
et la multitude des liens impénétrables qui la rendent homogène ;
que les villes et les rues aient leur caractère particulier,
leur atmosphère unique ; que la vie humaine ne se réduise
pas à la production répétitive des biens et à leur consommation,
mais que des possibilités multiples lui soient ouvertes ;
que les gens cessent d’être un troupeau, une marchandise
manipulable et uniformisée, consommateurs de culture télévisée.
Vaclav Havel, Interrogatoires à distance, ed. de l’Aube, 1989
Le
système politique de l'Occident
"Le système politique
de l'Occident semble être une machine double, fondée sur la dialectique
entre deux éléments hétérogènes et, en quelque manière, antithétiques
: le droit et la violence pure. Tant que ces éléments restent séparés,
leur dialectique peut fonctionner, mais quand l'état d'exception
devient la règle, alors le système politique se transforme en un appareil de
mort."
Giorgio Agamben
"On
peut lire un texte (qui n'existe pas en "soi")
comme un témoignage dit sérieux ou authentique, comme une
archive ou comme un document, comme un symptôme ou comme
l'œuvre d'une fiction littéraire qui stimule tous les
statuts énumérés."
Jacques Derrida, Droit de regard.
DIVERSITÉ DES
CULTURES
La
nécessité de préserver la diversité des cultures dans un monde
menacé par la monotonie et l'uniformité n'a certes pas échappé aux
institutions internationales. Elles comprennent aussi qu'il ne
suffira pas, pour atteindre ce but, de choyer des traditions locales
et d'accorder un répit aux temps révolus. C'est le fait de la diversité qui
doit être sauvé, non le contenu historique que chaque époque lui
a donné et qu'aucune ne saurait perpétuer au-delà d'elle-même.
Il faut donc écouter le blé qui lève, encourager les potentialités
secrètes, éveiller toutes les vocations à vivre ensemble que l'histoire
tient en réserve; il faut aussi être prêt à envisager sans surprise,
sans répugnance et sans révolte ce que toutes ces nouvelles formes
sociales d'expression ne pourront manquer d'offrir d'inusité. La
tolérance n'est pas une position contemplative, dispensant les
indulgences à ce qui fut ou à ce qui est. C'est une attitude dynamique,
qui consiste à prévoir, à comprendre et à promouvoir ce qui veut être.
La diversité des cultures humaines est derrière nous, autour de
nous et devant nous. La seule exigence que nous puissions faire
valoir à son endroit (créatrice pour chaque individu des devoirs
correspondants) est qu'elle se réalise sous des formes dont chacune
soit une contribution à la plus grande générosité des autres.
Claude
Lévi-Strauss, Le double sens du progrès, in Race et histoire, éditions
Gonthier, UNESCO, 1961.
Liens
brisés
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Ce
qui se prépare à un rythme incalculable et très rapide,
c'est un nouvel homme bien sûr, un nouveau corps de l'homme,
un nouveau rapport du corps de l'homme aux machines. On
aperçoit déjà cette transformation. Quand je parle des
machines, je pense aussi bien aux machines à signes qu'aux
machines de mouvement, de déplacement. C'est même la station
debout qui se trouve changée, ledit "homme" est
en train de traverser une zone de grande turbulence. Là encore,
je n'ai pas de réponse unilatérale. Tous les éléments de
cette mutation en cours me font peur et en même temps me
paraissent devoir être salués et affirmés. Ce que je dois
faire dans ces cas-là, c'est avouer, déclarer, rendre manifeste
de la façon la plus formalisée possible, cette contradiction
de mon désir. Je suis attachés aux formes existantes ou
héritées de la condition humaine, du corps de l'homme,
de ce qui lui est proche, de son rapport au politique,
aux signes, aux livres, au vivant, et en même temps je
ne veux pas dire non à tout ce qui vient de l'avenir. Qu'il
s'agisse du vivant, des prothèses, des greffes, du génome,
de toute l'aventure technologique de communication, des
médias qui transforment profondément l'espace public et
privé. Jacques Derrida,
Sur Parole, ed de l'Aube, 1999
<< Nous,
les gens réputés cultivés,savants
artistes, philosophes, clairvoyants et informés,
il nous faut nous rendre compte que l'immense majorité de
la société vit dans une misère symbolique
faite d'humiliation et d'offense.>> Bernard
Stiegler, De la misère
symbolique, ed. Galilée
Formellement
(...), la propriété dépend essentiellement d'un certain
morcellement des choses : s'approprier, c'est fragmenter
le monde, le diviser en objets finis, assujettis à l'homme, à proportion
même de leur discontinu : car on ne peut séparer sans finalement
nommer et classer, et dès lors, la propriété est née.
Roland
Barthes, "L'Aventure sémiologique", 1985, Seuil,
ed.
Dès
qu'il y a société, tout usage est converti en signe de
cet usage. (...) Cette sémantisation universelle des usages
est capitale : elle traduit le fait qu'il n'y a du réel
qu'intelligible Roland Barthes, "Système
de la mode", 1967, Seuil, ed.
LOGOSPHERE
Tout ce que nous lisons et
entendons, nous recouvre comme une nappe, nous entoure et nous
enveloppe comme un milieu : c'est la logosphère. Cette logosphère
nous est donnée par notre époque, notre classe, notre métier
: c'est une "donnée" de notre sujet. Or , déplacer
ce qui est donné ne peut être que le fait d'une secousse
; il nous faut ébranler la masse équilibrée des paroles,
déchirer la nappe, déranger l'ordre lié des phrases, briser les
structures du langage (toute structure est un édifice de niveaux).
Roland Barthes, Bruissement de la Langue, p244, in "Brecht
et le discours", 1975
DISCOURS
POLITIQUE ET ORIGINE RELIGIEUSE
Combien il serait passionnant,
pourtant (et peut-être utile) de pouvoir lire la politique dans
l'épaisseur de son texte. Derrière la rationalité des grands
systèmes occidentaux, tel le marxisme, peuvent se tenir des logiques,
des tours, des protections, des astuces qui appartiennent à tout
un autre univers. Sous le discours de l'homme politique, toujours
rétablir l'origine religieuse .
Roland Barthes, Chroniques du Nouvel Observateur,
du 29/1/79
Nos
sociétés ne tiennent-elles pas debout grâce à des «valeurs» (civisme,
conscience professionnelle minimale, respect des interdits
fondateurs, etc.) qui ne survivent elles-mêmes qu’en mobilisant
je ne sais quel «sacré» résiduel ou dégradé ? Nous ne serions
plus enté que sur des «lambeaux» d’humanité perdue, nos
vies collectives ne reposeraient plus que sur des «reliquats» spirituels,
des gisements en voie d’épuisement et que, en tout cas,
rien ne renouvelle plus.
Maurice
Bellet, La seconde humanité. De l’impasse majeure de ce que nous
appelons l’économie, Desclée de Brouwer, 1994
L'intellectuel
A
mes yeux, l'intellectuel n'a pas à faire valoir son discours
sur celui des autres. Il essaie plutôt de donner place au
discours des autres. Cela ne veut pas dire qu'il doive se taire,
car on tomberait dans le masochisme... Son rôle est d'ouvrir
des possibilités de discours, et de mêler le sien
aux autres, d'entrelacer son discours avec celui des autres, comme
un support.
L'intellectuel
n'a plus non plus de fonction prophétique. Au lieu de
se demander : « Qu'est-ce que ça va être
? », « Vers quoi faut-il aller ? », on essaie
plutôt de poser des questions au présent : « Que
se passe-t-il ? », « Qui sommes-nous ? ».
Au lieu de donner un coup de sifflet et de mettre tout le monde
en rang pour proclamer « Voilà l'objectif ! »,
mieux vaut chercher à comprendre ce qui se passe actuellement,
ce que nous faisons, quels sont les rapports de pouvoir qui
passent à travers nous sans que nous le sachions, quel
est donc l'événement que nous constituons, ou
bien dont nous sommes les dupes ; et mieux vaut encore se demander
: « Qui sommes-nous en train de duper ? », « Où sont
les pièges ? », etc. Pour moi, ce qui constitue
aujourd'hui les intellectuels, c'est cette inquiétude
de l'actualité. Nous sommes plutôt journalistes
que prophètes, mais journalistes de nous-mêmes.
Voilà les fonctions qu'on a essayé de dégager.
Michel
Foucault Entretien avec Roger- Pol Droit, juin 1975 |