I
TAL-COAT
B. – L’objet
total, parties manquantes incluses, et non l’objet partiel. Question
de degré.
D. – Plus encore. Vaincue, la tyrannie de la retenue. L’univers
un flux de mouvements qui participent de la durée vivante, celle de l’effort,
de la création, de la libération, du tableau, du peintre. Restitué, reproduit,
l’instant fugace de la sensation, avec pour contexte le conti- nuum que celle-ci
a nourri.
B. – En tout cas, un élan vers une expression plus adéquate
de l’expé- rience sensible, telle qu’elle se révèle à la vigilante cénesthésie.
Que l’on par- vienne à ce résultat par la soumission ou par la domination, la
nature y gagne.
D. – Mais ce que notre peintre découvre, organise, transmet,
ne se trouve pas dans la nature. Quel lien entre l’un de ces tableaux et un paysage
vu à une certaine époque, une certaine
saison, une certaine heure ? Ne som- mes-nous pas dans un domaine totale-
ment différent ?
B. – Tel le plus naïf des réalistes, par nature j’entends ici un composé con-
stitué du percevant et du perçu, non pas un élément d’information, une expé-
rience. Ce que j’essaye seulement de suggérer, c’est que l’intention et l’exé-
cution de cette peinture sont fonda- mentalement celles de la peinture antérieure
s’évertuant à étendre l’énoncé d’un compromis.
D. – Vous ne tenez pas compte de l’im- mense différence entre la signification
de la perception pour Tal-Coat et sa signification pour la grande majorité de
ses prédécesseurs qui, en tant qu’arti- stes, appréhendent le monde avec la
même servilité utilitaire que dans un embarras de la circulation et qui figno-
lent le résultat avec un zest de géomé- trie euclidienne. La perception globale
de Tal-Coat est désintéressée, elle ne se voue ni à la vérité ni à la beauté,
ces ty- rannies jumelles de la nature.
Liens
brisés
© LittératureS & CompagnieS
|