Nous
l'avons vu l'astrologie n'est pas un folklore résiduel
que la société moderne va faire disparaître.
Filon marginal dans l'histoire de l'Occident, elle ne perdure
pas pour autant insensible à cette histoire, identique
à elle-même depuis ses origines. Il y a un développement
proprement moderne de l'astrologie. Mais, avant de comprendre
ce développement moderne, il faut saisir le principe génératif
de toute astrologie.
La
base anthropologique: l'organisation et la magie
La
base anthropologique de l'astrologie est constituée d'une
part par un principe organisateur selon lequel le ciel astral
dirige, voire programme, l'homme (individu ou société),
d'autre part par l'idée d'une parenté profonde entre
l'astre et l'homme.
Cette
parenté est devenue aujourd'hui implicite, à demi
consciente ; mais elle a atteint son empan maximal : en effet,
la psycho-astrologie, qui est l'aspect le plus caractéristique
de l'astrologie moderne, présuppose une relation fondamentale
entre, d'une part, ce qu'il y a de plus intime et de plus subjectif
- la psyché individuelle - et, d'autre part, ce qu'il y
a de plus éloigné, de plus extérieur, de
plus objectif : la configuration du ciel de naissance.
1.
- Le principe organisateur.
·
Pour comprendre les fondements de l'astrologie, nous devons un
instant nous interroger sur un problème le plus souvent
ignoré par l'anthropologie. D'où vient l'organisation
sociale ? Elle n'est peut-être pas génétiquement
programmée chez l'homme ou, Si elle l'est, elle ne l'est
que très partiellement. Elle découle certes des
virtualités organisationnelles du cerveau humain, mais
non pas automatiquement : ces virtualités ne se mettent
en œuvre que dans la relation, c'est-à-dire l'interaction,
avec le monde extérieur. Ce monde extérieur, qu'on
nomme couramment environnement ou milieu, il faut l'appeler "
éco-système ". Pourquoi ? Parce que l'environnement
se manifeste non seulement sous forme de phénomènes
aléatoires ou incidents mais aussi sous forme de phénomènes
réguliers, de cycles, et dans ce sens constitue une organisation
au sens large : un système (alternance du jour et de la
nuit, mouvements célestes, cycles saisonniers, comportements
stéréotypés ou rituels des espèces
vivantes). Or une part de l'organisation sociale résulte
de l'appropriation organisationnelle par l'homme des constantes
et des régularités objectives de l'" éco-système
". Ainsi, les événements périodiques,
au premier chef les mouvements du Soleil et de la Lune, deviennent
des signaux, des signes et constituent de l'information, au sens
génératif du terme principe (message, programme)
d'organisation. Le Soleil et la Lune, clefs de voûte de
l'" éco-système ", sont ainsi devenus
les clefs de voûte du système social. Ils n'en sont
pas seulement les horloges externes, ils règlent le métabolisme
interne de la société ; le calendrier, fixé
sur la Lune ou le Soleil, ne sert pas seulement de repère
au cours des événements, il fixe et déclenche
le cycle discursif de la vie sociale.
Nous
avons oublié aujourd'hui qu'un principe premier d'organisation
antnropo-sociale se trouve dans le ciel. Mais l'astrologie moderne
ressent encore que le ciel est la puissance organisatrice suprême.
Et l'appel magique à la puissance organisatrice des astres
intervient encore là où il y a incertitude organisatrice
(le lendemain, l'avenir), là où il y a défaillance
de l'organisation (crise), là où il y a le chaos
apparent des pulsions intérieures (la psyché). Le
premier fondement de l'astrologie est bien une astro-logique.
·
Pour comprendre cette logique, il faut comprendre également
le fonctionnement du cerveau humain à l'égard des
événements irréguliers, ou accidents, survenant
dans l'" éco-système ".
Le
cerveau est une machine à connaître : pour lui, tout
événement doit être un signe, tout bruit doit
être une information. Il s'efforce d'interpréter
le signe et d'intégrer l'information. L'esprit archaïque
pourra ramener le signe à un discours mythologique où
interviennent les esprits et les dieux : l'information lui fera
savoir que les génies sont bienveillants ou malveillants,
menaçants ou protecteurs. Mais il pourra également,
et en même temps, ramener l'accidentel et l'irrégulier
à l'ordre et au régulier. Dans les deux cas, l'esprit
humain manifeste non une carence sémantique ou explicative
mais une intempérance sémantique et explicative.
Sa faiblesse n'est pas l'ignorance, c'est de ne pouvoir accepter
l'ignorance ; ce n'est pas de ne pouvoir concevoir le déterminisme,
c'est au contraire d'expulser le hasard et le fortuit de l'explication.
Ce n'est qu'aux XIX et XX siècles, avec Cournot, avec la
statistique, avec les quanta, que le hasard, l'indétermination
et le "bruit" entreront, avec quelle difficulté,dans
la science.
Or
l'astrologie ne fait pas qu'interpréter les événements
comme des signes venus des étoiles ; sa logique fondamentale
tend à ramener les phénomènes irréguliers
de l'univers humain à l'ordre le plus régulier et
le plus fondamental que l'humanité ait pu connaître
l'ordre du ciel. Par là, on voit que l'astro-logique est
de même nature que la logique qui va s'épanouir plus
tard dans le déterminisme universel, lequel ramène
l'apparent désordre des phénomènes à
l'ordre rigoureux de lois naturelles.
La
parenté va même plus loin : le déterminisme
astrologique est aussi implacable et aussi peu implacable que
le déterminisme scientifique. Aussi implacable car jamais
aucune loi ne saurait être violée, et il n'y a pas
de place pour la contingence. Aussi peu implacable car les deux
déterminismes sont l'un et l'autre captés, utilisés,
manipulés pour et par l'action de l'homme.
2.
- L'unité vivante du monde.
Cette
astro-logique est de plus une ana-logique. Elle joue non dans
un univers constitué d'objets au sens physique mais dans
une réalité cosmique vivante, au sein de laquelle
l'homme est englobé. L'astrologie ne postule pas une simple
influence des astres sur la vie humaine, ce qui peut fort bien
être intégré dans une conception où
l'univers est un système dont tous les éléments
sont en interaction mutuelle.
Elle
suppose que l'univers humain est microcosme par rapport au macrocosme
stellaire, c'est-à-dire lié analogiquement à
lui. Les symboles qui expriment les planètes ou le zodiaque
ne sont pas des signes arbitraires. Ce sont des symboles au sens
plein du terme chacun porte en lui la vertu et la vérité
anthropomorphe ou zoomorphe qu'il exprime. Ils effectuent la liaison
analogique entre le microcosme humain et le macrocosme. Les astres
sont anthropomorphes et l'homme est cosmomorphe. Le symbolisme
est plus qu'un code d'interprétation : il est la texture
même du cosmos.
La
conception micro-macrocosmique du monde est fondamentale, ou archaïque,
dans le sens où elle est la première conception
unitaire et cohérente de l'univers qui émerge dans
l'homme, et dans le sens où tout esprit humain la porte
plus ou moins virtuellement, plus ou moins profondément
en lui. Elle est magique dans le sens précisément
où cette unité et cohérence de l'univers
se fonde sur l'analogie 'micro-macrocosmique ', c'est-à-dire
sur la croyance en la réalité objective des processus
subjectifs de projection et identification (projection de formes
et sentiments humains sur le cosmos, ici le ciel, identification
de traits cosmomorphiques en l'homme).
Ainsi
peut-on définir le caractère magique de toute astrologie.
Celle-ci a certes une base scientifique (la connaissance d'un
ordre céleste) et une base organisationnelle (intégration
de l'ordre " écosystémique " dans le système
social), mais l'une et l'autre sont intégrées et
enveloppées dans une conception magique (la relation micro-macrocosmique).
Cette coagulation et interpénétration du scientifique,
de l'organisationnel, du magique ne traduit pas un type de pensée
" primitif" ou " sauvage >) radicalement différent
du nôtre. Le nôtre est constitué des mêmes
éléments mais selon d'autres combinaisons, d'autres
hiérarchies. Il s'agît ici de la pensée civilisationnelle
première.
L'astrologie
civilisationnelle
L'astrologie
émerge et se développe dans certaines civilisations
antiques, en Chaldée, en Chine,en Inde, dans l'ancien Mexique.
A l'origine, au moins, selon nos connaissances en ce qui concerne
la Chaldée et le Mexique, il y a le rôle central
du Soleil et de la Lune dans ces civilisations. Le Soleil et la
Lune règlent un ordre céleste auquel doit se conformer
l'ordre social et sont en même temps des divinités
antbropo-zoomorphes auxquelles on voue un culte. Il y a donc un
élément religieux central à l'origine de
l'astronomie.
Les
rites religieux, en même temps qu'ils assurent le culte,
harmonisent l'ordre social sur l'ordre cosmique. Parfois, ce n'est
pas seulement le destin des hommes qui dépend de la bonne
marche du cosmos et qui se trouve menacé à la moindre
perturbation (éclipse, étoile filante, comète),
c'est aussi le destin cosmique qui dépend de la bonne ordonnance
des rites humains. Ainsi, le renouvellement du cycle solaire,
lors de la grande année aztèque, a besoin de sacrifices
massifs, d'un torrent de sang juvénile.
Le
développement de l'astrologie à partir de civilisations
solaires ou lunaires est évidemment supporté par
celui de l'astronomie, c'est-à-dire une science qui identifie
les astres fixes et les planètes, connaît leurs cycles,
prévoit leurs mouvements, établit non seulement
une carte du ciel mais un modèle mathématico-géométrique.
Cette science, la première science véritable, loin
de chasser la conception micro-macrocosmique, l'entrètient
et la développe dans toute son envergure. Ainsi la science,
la religion, la magie des astres sont unies en ce stade d'astrologie
civilisationnelle, et ce sont les prêtres-mages qui assurent
cette unité.
En
Chaldée et au Mexique, l'astrologie reste associée
à la religion jusqu'à la ruine de ces civilisations
ou sous la conquête étrangère.
L'astrologie
d'Occident
Après
la conquête macédonienne, l'astrologie chaldéenne
se répand dans l'univers hellénistique, puis gréco-romain.
Au cours de cette diaspora, elle se métamorphose profondément.
Le résultat final, fixé canoniquement à l'époque
romaine, est le système symbolique qui s'est transmis en
Occident jusqu'à aujourd'hui sans se modifier.
Ce
système est étonnamment syncrétique, c'est-à-dire
constitué hétérogènes. Les planètes
portent les noms des divinités du Panthéon (Vénus,
Mars, Saturne, etc.) et de plus disposent de leurs traits anthropomorphes.
Les quatre éléments fondamentaux de la cosmogonie
empédocléenne - Eau, Feu, Terre, Air - sont -intégrés
et sont utilisés symboliquement en fonction de leurs résonances
affectives. Les douze signes du zodiaque, avatars hellénisés
d'un symbolisme chaldéen, sont à dominante zoo-anthropomorphique
(Bélier, Sagittaire, Cancer, Poissons). Cet extraordinaire
bric-à-brac constitue pourtant une totalité polyvalente
: ces symboles s'articulent et se conjuguent les uns aux autres,
selon des combinaisons qui peuvent être complexifiées
à l'infini, et, en fait, assurant la communication analogique
entre les astres, les éléments telluriques, l'univers
zoologique et la psyché humaine, ils organisent la relation
macro-microcosmique.
-Mais
ce n'est pas tant dans les ajouts et modifications gréco-romaines
que cette astrologie se différencie de celle des Chaldéens.
La différence radicale est en ceci l'astrologie chaldéenne,
quand elle passe dans le syncrétisme gréco-romain,
est amputée de son noyau religieux. C'est cette astrologie
énucléée qui devient l'astrologie occidentale,
du début de notre ère jusqu'à nos jours.
D'où
ces traits fondamentaux
1.
- C'est une science magique, sur fond de religiosité, mais
non plus un élément constitutif de la religion.
L'astrologie chaldéenne était un chaînon dans
un continuum science-magie-religion-organisation sociale. L'astrologie
occidentale est essentiellement l'union d'une science et d'une
magie.
2.
- L'astrologie devient la plus scientifique des magies et la plus
magique des sciences. L'astrologie et l'astronomie demeureront
indissolublement liées jusqu'à la fin du Moyen Age.
L'astrologie, du fait de cette double essence, plonge dans ce
qu'il y a de plus fondamental dans l'arkhe anthropologique, tout
en élaborant les fondements de la modernité le calcul
et la rationalisation scientifique. Même lorsque l'astronomie
se détachera d'elle, l'astrologie demeurera accrochée
à sa scientificité de base. D'où son caractère
singulier aujourd'hui encore : elle est la plus anthropocosmomorphique
et la plus scientifique des doctrines occultes.
3.
- L'astrologie a pour mission non plus d'assurer la répétition
périodique d'un cycle socio-cosmologique mais d'amortir
l'effet des événements et accidents. Son but est
non plus d'harmoniser l'ordre sôcial sur l'ordre cosmique
mais de répondre aux aléas historiques, de prévoir
les accidents, avatars sociaux ou individuels.
De
même que le déterminisme scientifique permet l'action
technique, de même la connaissance du ciel éclaire
la conduite. Le rôle harmonisateur de l'astrologie passe
de la société à l'individu.
Conseillère
d'abord du souverain, puis des " grands ", puis enfin
ouverte aux clients, l'astrologie devient un guide pour l'action.
4.
- L'astrologie gréco-romaine est essentiellement constituée
sur les bases de l'individualisme astrologique. A ses origines
religieuses, l'astrologie concernait essentiellement le destin
social. Étant donné l'ambiguïté du pouvoir,
où tout souverain est à la fois le représentant
de l'intérêt général et le parasite
égoïste du corps social, la prédiction astrologique
fut sans doute très tôt utilisée et accaparée
pour l'usage individuel du souverain. Mais le grand tournant,
le grand bond en avant fut accompli non seulement avec la démocratisation
de l'usage de la prédiction, mais lorsque le ciel de naissance
devint le paramètre qui individualisa l'astrologie dans
son principe même. Certes l'astrologie a continué
et continue à dessiner la figure du lendemain collectif.
Mais, désormais, la relation astro-individuelle va pouvoir
affirmer sa prépondérance sur la relation astro-sociétale.
L'individualisme
astrologique se fonde désormais non plus seulement sur
l'usage personnel d'une prédiction impersonnelle mais aussi
sur une science du sujet. Le ciel de naissance donne forme, formule
et configuration à ce qui est le plus obscur, le plus mystérieux,
le plus nébuleux au Moi : sa subjectivité, sa psyché,
l'univers intérieur des pulsions. Le symbole zodiacal apporte
à l'individu non seulement son signe tutélaire mais
aussi son signe sémantique, A.D.N. astral porteur de sa
singularité, de son programme, de ses possibilités.
Ainsi,
en cessant d'être un principe d'organisation sociétale,
l'astrologie devient un principe d'organisation de l'individu,
lui permettant de structurer son savoir sur lui-même, de
déterminer le choix de ses relations, d'orienter l'emploi
de son temps.
L'individualisme
astrologique, donc, peut user d'une part de la connaissance du
destin intérieur (le caractère déterminé
par le ciel de naissance), d'autre part de la connaissance du
destin extérieur (la marche générale du temps
en un lieu donné). Cette double connaissance ne contraint
pas le sujet à la fatalité ; elle lui permet au
contraire de piloter l'esquif poussé par les vents du destin.
L'astrologie
individualisée se répand évidemment au cours
de la grande civilisation individualisatrice de l'Empire romain.
Par-là même, elle porte déjà en elle
les prémices de l'astrologie moderne.
Science
magique, et non plus religion, l'astrologie peut désormais
éventuellement coexister avec d'aùtres religions,
Si celles-ci ont un minimum de tolérance à l'égard
des magies qui leur sont extérieures, avec d'autres sciences,
tant que celles-ci ne se dissocient pas de la magie. Aussi l'astrologie
coexiste-t-elle plus ou moins pacifiquement avec le christianisme,
est tolérée ou reconnue comme science auxiliaire
par le thomisme, est rajeunie par l'esprit panthéiste de
la Renaissance. C'est à la fin du XVII siècle que
la conjonction de la contre-offensive catholique (contre les hérésies
et les restes de paganismes) et de l'offensive scientifique rationaliste
contre la magie va reléguer l'astrologie dans le ghetto
occultiste. L'astrologie, qui n'était déjà
plus religion, n'est désormais plus science. Elle est dénoncée
comme superstition. Et de fait, depuis la sécession de
l'astronomie, l'astrologie n'est plus science, c'est-à-dire
qu'elle cesse de participer à la recherche et au travail
d'observatoire.
Les
sciences occultes et le " brouillard des superstitions
Du
XVIII siècle au début du XX siècle, l'astrologie,
l'alchimie, la chiromancie, la voyance, la télépathie,
privées du droit de cité rationnel et scientifique,
ou bien se dispersent sur la civilisation comme un vague brouillard
de superstitions, ou bien, sous une forme doctrinaire, se concentrent
dans l'underground-ghetto de l'occultisme.
D'une
part, en effet, ces diverses magies, privées de corpus
doctrinal, sont des superstitions auxquelles s'attachent les esprits
" incultes ", " ignares ", " arriérés
", " faibles ", et semblent comme les ultimes miasmes
laissés par de longs siècles d'obscurantisme. Il
y a aussi comme une vaste et impalpable brume qui recouvre les
arrière-fonds des âmes, qui se condense soudain dans
l'effroi, l'angoisse, la crise, les histoires qu'on raconte le
soir à la veillée, puis se dissipe dans le grand
jour, le calme, la lucidité. Il y a encore les ectoplasmes,
sans conséquence croit-on, de la poésie, du rêve...
D'autre
part, ces magies se réfugient et se rassemblent dans des
sectes doctrinaires qui, elles, prétendent détenir
les secrets des vraies sciences, cultivent le mystère et
la sacralité d'une grande vérité oubliée.
Si hétérogènes que soient ces " sciences
occultes ", elles restituent, Si on les rassemble, un système
magique total la voyance permet de surmonter l'obstacle du temps
; la télépathie, celui de l'espace ; le spiritisme
permet de communiquer avec l'au-delà ; et la chiromancie
et l'astrologie permettent de lire, selon deux codes différents,
le même grand message cosmologique. Aussi toutes ces sciences
constituent-elles ensemble une unité syncrétique
que Papus englobe fort bien sous le nom d'occultisme.
L'occultisme
semblait promis à un irrémédiable dépérissement
auX yeux de l'observateur rationaliste du XIX siècle. En
fait, nous voyons aujourd'hui qu'il constituait un bouillon de
culture. Dès 1848 en Angleterre, quelques années
plus tard en France, la très archaïque croyance aux
fantômes renaissait non plus dans les campagnes arrierées
mais au coeur des maisons urbaines et se répandait très
rapidement. Le spiritisme se répandait par la grande brèche
que la science conquérante et la religion refluante, loin
de colmater, ouvraient encore plus la brèche de la mort.
En effet, la civilisation scientifique-technique-capitaliste-bourgeoise-urbaine
est en même temps la civilisation du développement
de l'individu et tous les progrès de l'individualisme ne
pouvaient, surtout avec le reflux de l'immortalité chrétienne,
qu'élargir et approfondir l'insupportable douleur causée
par la mort des proches, l'angoisse de sa propre mort, la recherche
d'un au-delà de survie. Et, dernier-venu ressuscitant le
premier remède à la mort, le spiritisme inaugurait
le retour de l'archaïsme au sein de la modernité.
La
mort n'est qu'un des lieux où s'établit une liaison
nouvelle entre l'archaïsme (la magie) et la subjectivité
moderne. Déjà, cette subjectivité avait exprimé
sa vision et son aspiration dans la poésie romantique ;
elle parlait de voyance, de bouche d'ombre, d'alchimie, de micro-macrocosme,
de magie. En effet, le romantisme n'était pas seulement
une réaction de l'intelligentsia au monde bourgeois, prosaïque,
positif ; il témoignait de la montée de la subjectivité
en contrepoint avec le progrès de l'objectivité.
La civilisation occidentale, en dissociant le sujet humain du
monde objectif, amorçait une dialectique permanente qui
pouvait prendre la forme d'une dualité dramatique.
Ainsi
la brèche par où revient la magie est ouverte par
le développement même de la civilisation. Le développement
de l'individu pose avec de plus en plus d'inquiétude ou
de virulence le problème de la subjectivité dans
un univers qui est de plus en plus conçu objectivement
par la science, car il n'y apas de science du sujet, il n'y a
pas de science de l'avenir du sujet. Or les para-psychologies,
à quoi il faut joindre la psycho-astrologie et la chirologie,
prétendent constituer la science du sujet ; la voyance,
l'astrologie prédictive, la chiromancie, le spiritisme
prétendent constituer la science de l'avenir du sujet.
Mais
l'occultisme ne peut être reçu ou conçu comme
science, sauf chez quelques esprits marginaux. C'est qu'il y a
d'énormes résistances culturelles. Aux yeux aussi
bien des religions officielles que du rationalisme scientiste,
les croyances occultes ne sont que des absurdités, dénuées
de fondement rationnel et de preuves matérielles. Il fallait
attendre que s'affaiblisse la vigueur du rationaliste militant,
que s'affaiblisse l'espoir que la science puisse d'elle-même
apporter les solutions fondamentales aux affaires humaines. Il
fallait que le développement civilisationnel de l'individualisme
encore à ses débuts, limité aux classes les
plus aisées, s'étende et s'approfondisse. Il fallait
aussi l'essor de la grande presse commerciale, de la culture de
masse, pour que les mass-media, véritables radars et dragueurs
des zones obscures de la consommation psychique, assurent le développement
de l'astrologie de masse.
En
effet, c'est la grande presse qui soudain condense et utilise
le brouillard de superstitions ", et crée des rubriques
astrologiques. Pour cela elle fait sortir des astrologues de l'underground.
Ainsi, ce qui a été séparé et disloqué
par le siècle de Louis XIV et le siècle des Lumières
se rejoint et se retrouve dans le siècle des mass-media.
L'astrologie de masse prend son essor.
L'intégration
dans la modernité
La
percée s'opère dans les années 1930 et, à
partir de ce moment, l'astrologie se développe, bien qu'en
contradiction avec la philosophie scientifique-rationnelle~empirique
du monde moderne comme avec les grandes religions et les idéologies
politiques c'est qu'elle répond à sa façon,
et à son niveau, au développement individualiste
du monde moderne.
Du
reste, la nouvelle astrologie établit un compromis avec
l'esprit positif ; elle se désoccultise, se désésotérise,
laisse dans l'ombre son fondement anthropo-cosmologique (qui ne
réémergera qu'après 1960 avec la " nouvelle
gnose "). Une aile nouvelle de l'astrologie, depuis Choisnard,
entend même se réconcilier avec la science ; elle
se réfère non plus au grand secret du passé,
mais aux données électromagnétiques, aux
champs de force galactiques, aux vérifications ou prétendues
vérifications expérimentales ou statistiques
D'autre
part, l'astrologie se désoccultise en s'adaptant au marché
culturel qui nourrit massivement l'individualité moderne.
Elle se démocratise, dans la mesure où elle se standardise,
selon la logique de consommation de masse. Elle s'offre à
tous et a chacun, ce qui du reste est loin d'empêcher le
développement d'une astrologie d'élite, réservée
a la richesse et a la culture.
Enfin,
et surtout, l'astrologie moderne se voue à l'individu,
à la fois dans sa praxis extérieure et dans sa vie
intérieure, c'est-à-dire à l'atome social
et au sujet.
L'individu
est devenu atome social, dans le sens où la civilisation
urbaine moderne ouvre à l'autodétermination personnelle
des sphères qui autrefois étaient régies
par la coutume, la parenté, le voisinage (amitiés,
amours, mariage, travail). Il doit affronter de façon multipliée
le problème du choix, de la décision, de l'aléa,
de la prévision. Or, même au niveau " managérial
", les calculs, les prévisions scientifiques, la théorie
des jeux (laquelle ne vaut que pour des joueurs " rationnels
" et ignore donc " l'irrationalité " du
sujet) ne peuvent embrasser les myriades d'interférences
qui tissent le devenir. L'atome ne peut donc disposer d'une science
de l'action et d'une science de l'avenir ; il ne peut que jouer
plus ou moins " fétichiste-ment " dans la béance
d'indétermination. C'est dans cette béance que l'astrologie-recours
et l'astrologie-secours lui apportent une aide prévisionnelle,
décisionnelle, antialéatoire. Et c'est dans tous
les problèmes du " Que faire ? ", depuis les
désarrois économiques, familiaux et moraux jusqu'aux
désarrois dirigeants et " managériaux ",
que monte l'appel vers l'astrologie.
Mais
le vrai terrain de l'astrologie moderne, c'est le sujet. Rappelons
: la science donne des moyens d'action au sujet, elle ne peut
concevoir le sujet lui-même. Le sujet n'est autre que le
résidu irrationnel de l'objectivité scientifique
'. De fait, partout où elle intervient, la subjectivité
apporte l'irrationalité, l'aléa, l'incertitude.
Or l'astrologie moderne se pose précisément en science
du sujet et de la relation intersubjective : c'est ce qui a été
nommé, dans cette étude, psycho-astrologie et astrologie
relationnelle, dont les développements sont Si remarquables,
à la fois dans l'astrologie de masse et dans l'astrologie
cultivée. De fait, l'astrd-psychologie prend la place d'une
science de la personnalité qui n'existe pas encore, ou
du moins que la psychanalyse ne fait que griffonner. Du reste,
comme la psychanalyse, l'astrologie plonge dans les profondeurs
de lapsyché, y apporte son code symbolique, ses modèles
systémiques et structuraux. Plus encore que la psychanalyse,
elle offre au sujet, pour qu'il se reconnaisse, un discours métaphorique
qui parle à la fois le langage d'un savoir et son propre
langage subjectif. Elle apporte au sujet une réponse à
l'obscurité mystérieuse de sa propre identité.
Et, continuant là où la psychanalyse s'arrête,
elle lui reconnaît et lui définit sa propre singularité
en l'initiant à l'information générative
- son Karma, son A.D.N. astral -, qui détient les potentialités
et les ferments de son destin
Ainsi
l'astrologie est subjectivement fascinante. Mais, Si la subjectivité
peut être fascinée par l'astrologie, l'astrologie
est prisonnière de la subjectivité. Car l'individu
n'est pas qu'une conscience objective. L'individu est le siège
d'une double conscience. La pensée archaïque était
une combinaison étroite de cette double conscience. Dans
les temps modernes, il y a au contraire dualité et concurrence.
C'est dans cette dualité que se situe l'astrologie moderne.
En effet, dans son caractère dominant, l'astrologie d'aujourd'hui
est ambivalente ; les termes de demi-croyance, croyance ludique,
croyance intermittente doivent être accolés pour
tenter d'en rendre compte. C'est que la croyance est à
la fois entretenue par la conscience subjective et minée
par la conscience objective. Elle correspond àquelque chose
de profond, qui, émergeant à la surface, tend à
se colorer de gêne ou de honte, à se disperser.
Quand
la croyance s'affirme au grand jour, les fondements anthropo-cosmologiques
demeurent immergés, camouflés, et ce sont les vérifications
objectives qui sont mises en relief.
Ainsi
l'astrologie ne peut rentrer dans la conscience moderne que par
un passage en chicane entre subjectivité et objectivité.
Mais c'est bien en jouant ce double jeu, en jouant à la
science pour justifier sa magie, en faisant jouer sa magie pour
camoufler sa " nescience ", qu'elle a pu pénétrer
et se répandre dans le champ social et culturel.
Le
courant astrologique traverse l'étendue du champ social,
et, dans ce sens, il n'y a pas d'astrologie implantée principalement
dans une classe sociale. Toutefois l'astrologie est polarisée
selon les grandes inégalités sociales.
Ainsi
on peut parler d'une astrologie bourgeoise et d'une astrologie
d'intelligentsia par rapport à l'astrologie de masse. Grosso
modo, l'astrologie d'élite (bourgeoise, d'intelligentsia)
et l'astrologie de masse constituent les deux niveaux hiérarchisés
d'une astrologie de civilisation bourgeoise.
L'astrologie
de masse, toutefois, ne s'étend pas de façon indifférenciée
sur la majorité de la population. Ce sont surtout les couches
sociales détachées des croyances traditionnelles,
mais faiblement idéologisées, faiblement policisées
(C'est à dire ignorant les structure, le fonctionnement,
l'économie de la polis), rebrassées dans les nouveaux
milieux urbains, en voie d'accession aux nouveaux standards d'individualité,
qui sont le plus sensibles à l'astrologie. Ainsi les urbains
sont beaucoup plus fortement " astrologisés "
que les ruraux, et, parmi les urbains, les femmes et les jeunes.
Culturellement,
bien qu'ayant rencontré de très fortes résistances
dans la " haute culture ", l'astrologie y dispose désormais
de têtes de pont (astrologie cultivée). Mais c'est
dans la culture de masse qu'elle est diffusée de façon
extrêmement large et rapide à partir des années
1930.
C'est
dans la culture de masse que s'est opérée une intégration
décisive. La culture de masse, jusqu'en 1960-1965 environ,
a répandu le mythe et la promesse du bonheur individuel.
Elle a rejeté le trouble, l'échec, le malheur et
tous ses produits de consommation psychique ont été
dotés d'un caractère euphorisant. En développant
l'astrologie de masse, la culture de masse lui a inoculé
l'euphorisation. L'horoscope du quotidien comme la prédiction
de Madame Soleil écartent toute éventualité
catastrophique comme tout problème insoluble, ignorent
le désastre et la mort et entretiennent de façon
continue, sinon le grand espoir, du moins les petites espérances.
Dans ce sens, l'astrologie de masse a été et demeure
encore aujourd'hui un facteur d'intégration dans la civilisation
bourgeoise. Non seulement elle tend à atomiser les problèmes
collectifs et sociaux en problèmes du destin personnel,
mais aussi elle entretient les espérances et les résignations
dont a besoin notre civilisation.
Astrologie
de crise
Mais
ce serait une erreur de s'en tenir à ces aspects intégrateurs.
Un certain nombre de symptômes nous indiquent que l'astrologie,
sous un autre aspect et sous d'autres auspices, intervient dans
la crise culturelle ou civilisationnelle qui semble devoir atteindre
notre société.
L'individualisme
bourgeois, au-delà d'un certain seuil d'accomplissement,
a commencé à ressentir ses carences, la solitude,
l'angoisse. La grande ville, auparavant libératrice, fait
peser des contraintes que fuit dans le week-end celui qui peut.
La rationalisation technologique a unidimensionnalisé une
existence qu'enserre de plus l'organisation bureaucratique. Le
bien-être, pour ceux qui l'ont acquis, n'est plus une promesse
infaillible de bonheur. La science et la raison ne sont plus porteuses
providentielles de libération et de progrès. Les
contraintes sociales ne sont plus acceptées comme des fatalités
inexorables, mais les libertés acquises apportent aussi
l'inquiétude et l'errance. Le savoir scientifique a brisé
en miettes les mythologies unissant l'homme au monde et ouvert
une béance sans pouvoir même proposer une intelligibilité
générale. Amorce de crise ? Malaise civilisationnel
? Recherche ?
Toujours
est-il que la culture de masse elle-même traduit la nouvelle
situation. L'euphorisation recule, tandis que progresse la problématisation.
A la mythologie du bonheur succède le problème du
bonheur. A l'amour-solution succède l'arnour-problème.Le
vieillissement n'est plus seulement masqué et fardé,
il exprime son inquiétude ; le sexe et la relation parents-enfants,
le mariage, le couple posent leurs questions. Hors de la culture
de masse, dans la vie quotidienne, les retours à la rusticité,
à la nature, à l'identité, aux sources, qui
semblaient des courants régulateurs ou correcteurs, deviennent
des contre-courants qui vont confluer dans une recherche de l'arkhe,
principe primordial, secret, fondement perdu. Le néomodernisme
prend de plus en plus figure de néo-archaïsme, qui
atteint parfois une force de rupture, comme dans le phénomène
hippie ou les communes californiennes. Et, dans ces vastes mouvements
encore ébauchés, informes, on voit surgir du no
man 's land culturel, s'exhumant enfin de l'occultisme comme d'une
chrysalide, le visage d'une " nouvelle gnose ".
-"
Planète " a été, au début des
années soixante, à la fois l'émergence et
l'expression de la " nouvelle gnose ", ou se retrouvent
côte àcôte le zen, Huxley, Krishnamurti, les
" extra-terrestres ", Teilhard de Chardin. Dans la "
nouvelle gnose " se rassemblent et s'entremêlent, de
façon syncrétique, des thèmes issus des croyances
ou des philosophies les plus diverses, non seulement les conceptions
jusqu'alors rejetées dans l'ancien underground de la culture
occidentale, mais aussi des germes extrêmes-orientaux, des
panthéismes ou panscientismes évolutionnistes annonçant
un homme du futur, des informations ou des suggestions cueillies
aux frontières de la science, évoquant l'anti-matière
ou les astres invisibles. Tous ces apports sont immergés
dans un bain de religiosité, de mystère, de mysticisme
diffus, et ils ont pour trait commun de ne pas séparer
le sujet du cosmos.
La
" nouvelle gnose " constitue désormais une culture
parallèle, se diffusant dans la béance entre la
" haute culture " et la culture de masse, mordant sur
l'une et sur l'autre. Mais cette béance coïncide aussi
avec l'autre béance, plus profonde, radicale, peut-être,
au sein de la civilisation.
Une
dépression culturelle s'est creusée et, dans cette
dépression, le sujet semble vouloir déglutir l'individualisme
bourgeois qui l'avait jusqu'alors nourri. Quelque chose a craqué
dans la philosophie d'Occident. Où ? A quel niveau de profondeur
se situe la dépression où s'engouffrent pêle-mêle
les rêves du pàssé et les rêves du futur,
la nouvelle gnose " et les prédications révolutionnaires
?
La
" nouvelle gnose " brasse elle-même les nostalgies
d'une vérité perdue, la prophétie apocalyptique,
les espérances d'un monde nouveau. Aussi est-elle présente
dans les ébauches de révolution existentielle ou
culturelle qui apparaissent ici et là. Déjà,
du reste, le surréalisme, prélude de révolution
culturelle, avait fait tourbillonner en lui l'archaïque magie
et la prophétique révolution. Mais sa tempête,
durant l'ère triomphante de la modernité bourgeoise,
était demeurée enfermée dans le verre d'eau
de la littérature. Avec le phénomène hippie
et, plus largement, ce qu'on appelle " contre-culture ",
la " nouvelle gnose " est incluse, souvent de façon
virulente et opératoire, dans l'exigence révolutionnaire
de changer de vie. Et l'astrologie, dans sa base anthropo-cosmologique,
participe à l'annonce messianique des temps nouveaux :
l'ère salvatrice du Verseau - Aquarius -, qui ouvre un
nouveau cycle aux enfants du limon.
DIAGNOSTIC
Ainsi
le développement de l'astrologie, depuis le milieu de ce
siècle et jusqu'à aujourd'hui, est favorisé
et par la modernité et par la crise de la modernité.
Dans la modernité s'intègre son développement
individualiste, qui lui-même joue un rôle culturellement
intégrateur, en colmatant les brèches anxiogènes.
Dans la crise de la modernité s'insère son aspect
jusqu'alors immergé, qui est le plus archaïque et
le plus fondamental : l'anthropo-cosmologie, qui raccorde le sujet
atomisé à un cosmos vivant.
La
modernité continue son développement et elle est
pourtant en même temps en crise. L'astrologie continue à
jouer son rôle intégrateur mais joue un rôle
désintégrant dans la crise culturelle et civilisationnelle.
Sauf modification brutale dans le cours historique de notre société
- et l'hypothèse n'est nullement exclue -, on peut diagnostiquer
que le courant astrologique n'est pas près de s'affaiblir.
L'astrologie
moderne, en conclusion, ne peut être considérée
comme mode superficielle ou superstition d'ignorance. Elle n'est
pas non plus une nouvelle religion, un mythe dévastateur.
L'essentiel de l'insertion astrologique se situe dans une zone
clignotante de croyance, à demi sceptique, à demi
lucide, souvent intermittente. C'est sa façon de s'infiltrer
à travers les défenses culturelles positivistes-rationalistes,
mais c'est aussi leur façon de la contenir.
Cette
" croyance clignotante " concerne quelque chose qui
est au profond et au vif du Sujet. C'est là sa force, d'où
son extraordinaire diffusion dans toutes les couches de la société,
dans les divers secteurs de la culture. Mais c'est aussi sa faiblesse
: sa carence objective. Bien que leur empire soit ébréché,
règnent sur de nombreux secteurs de la vie les vérités
terre-à-terre et la conception positiviste-empiriste-rationnelle
du monde ; l'esprit critique, très émoussé
quand il s'agit de détecter la fable ou la magie dans la
politique, est demeuré relativement vigilant sur ce créneau
de bataille. De ce point de vue, l'astrologie souffre toujours
d'inconsistance empirique : les justesses de ses analyses sont
trop floues ou ambivalentes, ses erreurs de prédiction
trop nombreuses ; elle souffre également d'absurdité
logique. Pour que l'astrologie soit logiquement fondée,
il faudrait supposer que l'être humain, qui dispose de deux
informations génératives, l'une inscrite dans l'A.D.N.,
l'autre inscrite dans le système culturel de sa Société,
dispose d'une troisième information générative,
qui serait inscrite dans le ciel zodiacal de sa naissance, et
qui, dans la constitution de la personnalité individuelle,
réduirait à un rôle purement superficiel la
portée des deux autres informations.
Cela
n'est pas absolument impossible, mais cela n'est évidemment
pas croyable. La croyance, une fois de plus, part de ce qui est
l'énigme première et la perturbation permanente
de toute science objective le sujet. Si la science actuelle ne
rend pas compte du sujet, Si l'astrologie est une fausse science,
alors il nous faut chercher la scienza nuova.
Sous
la direction de Edgar Morin
Claude Fischler, Philippe Defrance, Lena Petrossian
La
croyance astrologique moderne diagnostic sociologique
Nouvelle édition revue par Claude Fischler, Lausanne, l'Age
d'Homme, 1981
La
première édition est parue sous le titre "Le
Retour des Astrologues", 4e trimestre 1971. Club de l'Obs.
Supplément au n°367 du Nouvel Observateur
Liens
brisés
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