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1999-2018

 

La déclaration du Vatican sur la Shoah

Document de la documentation romaine pour les relations avec les juifs. Traduction non officielle par le secrétariat de l'épiscopat français pour les relations avec le judaïsme.

 

I La Shoah et le devoir de mémoire

Le XXe siècle touche à sa fin et un nouveau millénaire de l'ère chrétienne est près d'arriver. Le 2000e anniversaire de la naissance de Jésus-Christ appelle tous les chrétiens et invite vraiment tous les hommes et toutes les femmes à chercher à discerner dans le déroulement de l'histoire les signes du travail de la Divine Providence ainsi que les façons par lesquelles l'image du Créateur dans l'homme lui-même a été défigurée.

Cette réflexion concerne un des domaines principaux par lequel les catholiques puissent prendre sérieusement à coeur les appels que le pape Jean Paul II leur a adressés dans sa lettre apostolique de 1994 Tertio Millennio adveniente : "Il convient qu'à la fin du deuxième millénaire du christianisme l'Eglise devienne plus consciente de l'état pécheur de ses enfants, en rappelant toutes les époques de l'histoire où ils se sont éloignés de l'esprit du Christ et de son Evangile, et au lieu de présenter au monde le témoignage d'une vie inspirée par les valeurs de la foi, ont fait preuve de modes de pensée et d'action qui constituaient de véritables formes de contre-témoignage et de scandale."

Ce siècle a été le témoin d'une innommable tragédie qui ne pourra jamais être oubliée : la tentative du régime nazi d'exterminer le peuple juif avec la mort conséquente de millions de juifs. Femmes et hommes, vieux et jeunes, enfants et bébés ont été persécutés et déportés pour la seule raison de leur origine juive. Certains ont été immédiatement tués tandis que d'autres ont été humiliés, malmenés, torturés et privés entièrement de leur dignité humaine et ensuite assassinés. Très peu de ceux qui sont entrés dans les camps ont survécu et ceux qui en ont échappé sont restés marqués à vie. Ce fut la Shoah. C'est un fait majeur de l'histoire de ce siècle, un fait qui nous concerne encore aujourd'hui.

Face à cet horrible génocide, que les dirigeants des nations et des communautés juives ont trouvé difficile à croire au moment même où il était impitoyablement mis en application, personne ne peut rester indifférent, l'Eglise encore moins que tous, en raison de ses liens étroits de parenté spirituelle avec le peuple juif et son souvenir des injustices du passé. La relation de l'Eglise avec le peuple juif est différente de celle qu'elle partage avec toute autre religion. Cependant, il ne s'agit pas seulement d'évoquer le passé. L'avenir commun des juifs et des chrétiens exige que nous nous rappelions qu'"il n'y a pas d'avenir sans mémoire" (Jean Paul II, allocution à la synagogue de Rome, 13 avril 1986). L'histoire elle-même est memoria futuri.

En adressant cette réflexion à nos frères et soeurs de l'Eglise catholique à travers le monde, nous invitons tous les chrétiens à nous rejoindre et à méditer sur la catastrophe qui est advenue au peuple juif et à l'impératif moral pour s'assurer que, jamais plus, l'égoïsme et la haine ne prospèrent jusqu'au point de semer tant de souffrance et de mort. Plus particulièrement, nous invitons nos amis juifs dont "le destin terrible est devenu un symbole des aberrations dont l'homme est capable quand il se retourne contre Dieu" (Jean Paul II, allocution aux chefs de la communauté juive de Budapest, 18 août 1991) à nous écouter avec générosité de coeur.

II- Ce dont nous devons nous souvenir

Tandis qu'il porte son témoignage unique au "Saint Israël" et à la Torah, le peuple juif a beaucoup souffert à plusieurs époques et en de multiples lieux. Mais la Shoah a été certainement la pire souffrance. L'inhumanité avec laquelle les juifs ont été persécutés et massacrés durant ce siècle dépasse la capacité des mots à l'exprimer. Tout cela leur a été fait pour la seule raison qu'ils étaient juifs.

La seule ampleur du crime pose beaucoup de questions. Historiens, sociologues, philosophes politiques, psychologues et théologiens essaient tous d'apprendre davantage sur la réalité de la Shoah et sur ses causes. Il reste beaucoup de recherches à faire. Mais un tel événement ne peut être mesuré par les critères ordinaires de recherche historique seule. Il appelle à une "mémoire morale et religieuse" et, plus particulièrement auprès des chrétiens, une très sérieuse réflexion sur ce qui l'a provoqué.

Le fait que la Shoah ait eu lieu en Europe, c'est-à-dire dans des pays de longue tradition chrétienne, pose la question de la relation entre la persécution nazie et les attitudes des chrétiens envers les juifs à travers les siècles.

III- Les relations entre juifs et chrétiens

L'histoire des relations entre juifs et chrétiens est dramatique. Le pape Jean Paul II a reconnu ce fait dans ses appels répétés aux catholiques à s'interroger sur leur attitude à l'égard du peuple juif. En effet, le bilan de ces relations sur deux mille ans a été plutôt négatif.

A l'aube du christianisme, après la crucifixion de Jésus, les disputes ont émergé entre l'Eglise primitive et le peuple juif et ses responsables qui, dans leur dévotion à la Loi, se sont opposés, violemment parfois, aux annonceurs de l'Evangile et aux premiers chrétiens. Dans l'Empire romain païen, les juifs étaient protégés légalement par des privilèges accordés par l'empereur et, au départ, les autorités n'ont pas fait de distinction entre communautés juive et chrétienne. Bientôt, cependant, les chrétiens ont encouru les persécutions de l'Etat. Plus tard, lorsque les empereurs eux-mêmes se sont convertis au christianisme, ils ont commencé d'abord par garantir les privilèges des juifs. Mais les foules chrétiennes qui ont attaqué les temples païens ont parfois agi de même avec les synagogues. Non sans être influencées par certaines interprétations du Nouveau Testament au sujet du peuple juif dans son ensemble. "Dans le monde chrétien je ne dis pas de la part de l'Eglise en tant que telle , des interprétations erronées et injustes au sujet du peuple juif et sa prétendue culpabilité ont circulé depuis trop longtemps, engendrant des sentiments d'hostilité envers ce peuple. De telles interprétations du Nouveau Testament ont été définitivement rejetées par le deuxième Concile du Vatican" (Jean Paul II, discours au symposium sur les racines de l'antijudaïsme, 31 octobre 1997).

Malgré l'enseignement chrétien de l'amour pour tous, même pour ses ennemis, la mentalité prédominante à travers les siècles a pénalisé les minorités et ceux qui étaient de quelque manière que ce soit "différents". Les sentiments d'antijudaïsme chez certains chrétiens et le fossé qui existait entre l'Eglise et le peuple juif ont conduit à une discrimination généralisée qui a abouti parfois aux expulsions ou aux tentatives de conversions forcées. Dans une grande partie du monde chrétien, et jusqu'à la fin du XVIIe siècle, ceux qui n'étaient pas chrétiens n'ont pas toujours joui d'un statut juridique entièrement garanti. Malgré ce fait, les juifs se sont accrochés à leurs traditions et coutumes communautaires partout dans l'espace chrétien. Par conséquent, ils étaient objet de suspicion et de méfiance. En temps de crises comme la famine, les guerres, les épidémies et les tensions sociales, la minorité juive était parfois prise comme bouc émissaire et devenait la victime de violences, de pillages et même de massacres. A la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, les juifs en général avaient acquis un statut égal à celui des autres citoyens dans la plupart des Etats et certains d'entre eux occupaient des positions influentes dans la société. Mais dans ce même contexte historique, notamment au XIXe siècle, s'établit un nationalisme faux et exacerbé. Dans un climat de changements sociaux significatifs, les juifs étaient souvent accusés d'exercer une influence disproportionnée à leur nombre. Ainsi a commencé à s'étendre, à différents degrés à travers l'Europe, un antijudaïsme qui était essentiellement plus sociologique que religieux.

En même temps, des théories qui niaient l'unité de la race humaine ont commencé à apparaître en affirmant une diversité des races à l'origine. Au XXe siècle, le national-socialisme en Allemagne a utilisé ces idées comme la base pseudo-scientifique pour une distinction entre les races soi-disant nordiques-aryennes et les races supposées inférieures.

En outre, une forme extrémiste de nationalisme était mise en avant en Allemagne par la défaite de 1918 et les conditions exigeantes imposées par les vainqueurs, avec pour conséquence que beaucoup ont trouvé dans le national-socialisme une solution au problème de leur pays et ont coopéré politiquement avec ce mouvement.

L'Eglise en Allemagne répliqua en condamnant le racisme. La condamnation apparut d'abord dans la prédication de quelques membres du clergé, dans l'enseignement des évêques catholiques et les écrits de certains journalistes catholiques laïcs. Déjà, en février et mars 1931, le cardinal Bertram de Breslau, le cardinal Faulhaber et les évêques de Bavière, les évêques de la province de Fribourg ont publié des lettres pastorales condamnant le national-socialisme, avec son idolâtrie de la race et de l'Etat.

Les célèbres sermons de l'Avent du cardinal Faulhaber de 1933, l'année même de l'arrivée au pouvoir du national-socialisme, auxquels ont assisté non seulement des catholiques mais aussi des protestants et des juifs, exprimaient clairement le rejet de la propagande antisémite nazie. Dans le sillage de la Nuit de cristal, Bernhard Lichtenberg, prévôt de la cathédrale de Berlin, disait des prières publiques pour les juifs. Il mourut plus tard à Dachau et a été déclaré bienheureux.

Aussi, le pape Pie XI condamna le racisme nazi de façon solennelle, dans son encyclique Mit brennender Sorge, qui était lue dans les églises allemandes le dimanche de la Passion 1937, une étape qui a eu pour conséquence des attaques et des sanctions contre des membres du clergé. S'adressant à un groupe de pèlerins belges, le 6 septembre 1938, Pie XI affirma : "L'antisémitisme est inacceptable. Spirituellement, nous sommes tous des sémites." Pie XII, dans sa toute première encyclique, Summi Pontificatus, du 20 octobre 1939, attira l'attention contre les théories qui niaient l'unité de la race humaine et contre la déification de l'Etat, qu'il voyait comme menant à une véritable "heure de ténèbres".

IV- L'antisémitisme nazi et la Shoah

Ainsi nous ne pouvons pas ignorer la différence qui existe entre l'antisémitisme, basé sur les théories contraires à l'enseignement constant de l'Eglise sur l'unité de la race humaine et sur l'égale dignité de tous les peuples et races, et les sentiments traditionnels de méfiance et d'hostilité que nous appelons antijudaïsme, dont les chrétiens ont aussi été coupables, malheureusement.

L'idéologie national-socialiste est allée encore au-delà, en ce sens qu'elle refusa de reconnaître toutes réalités transcendantes comme la source de vie et le critère du bien moral. En conséquence, un groupe humain, et l'Etat avec lequel il était identifié, s'est arrogé un statut absolu et s'est déterminé à reconsidérer la véritable existence du peuple juif, un peuple appelé à témoigner du Dieu unique et de la Loi de l'alliance. Au niveau de la réflexion théologique, nous ne pouvons pas ignorer le fait que beaucoup, dans le parti nazi, montrèrent une aversion pour l'idée d'une divine providence agissant dans les affaires humaines, mais donnèrent des preuves bien déterminées de haine dirigées contre Dieu lui-même. Logiquement, une telle attitude mène également à un rejet du christianisme, et à un désir de voir l'Eglise détruite ou au moins assujettie aux intérêts de l'Etat nazi. C'était cette idéologie extrême qui devint la base des mesures prises, d'abord pour chasser les juifs de leurs foyers, et ensuite pour les exterminer.

La Shoah était le fruit d'un régime moderne tout à fait néo-paganiste. Son antisémitisme a ses racines en dehors du christianisme, et en poursuivant ses objectifs il n'hésita pas à s'opposer à l'Eglise et à persécuter également ses membres. Mais il est possible de se demander si la persécution nazie des juifs n'a pas été facilitée par les préjugés enracinés dans quelques esprits et coeurs chrétiens. Est-ce que le sentiment antijuif, parmi les chrétiens, les rendit moins sensibles, ou même indifférents, aux persécutions lancées contre les juifs par le national-socialisme lorsqu'il prit le pouvoir ?

Toute réponse à cette question doit prendre en compte le fait que nous traitons de l'histoire de l'attitude de personnes et de leurs manières de penser, qui sont sujettes à de multiples influences. De plus, beaucoup de personnes étaient tout à fait ignorantes de la "solution finale" qui était rendue effective contre un peuple tout entier ; d'autres personnes avaient peur pour elles-mêmes et pour ceux qui leur étaient proches ; certains prirent avantage de la situation, et d'autres encore furent menés par l'envie. Une réponse nécessite d'être donnée au cas par cas. Pour ce faire, il est cependant nécessaire de savoir ce qui a précisément motivé les personnes dans une situation déterminée.

D'abord, les chefs du IIIe Reich cherchèrent à chasser les juifs. Malheureusement, les gouvernements de certains pays occidentaux de tradition chrétienne, y compris certains d'Amérique du Nord et du Sud, furent plus qu'hésitants à ouvrir leurs frontières aux juifs persécutés. Bien qu'ils ne pouvaient prévoir jusqu'où les hiérarchies nazies iraient dans leurs intentions criminelles, les chefs de ces nations étaient conscients des épreuves et des dangers auxquels étaient exposés les juifs vivant dans les territoires du IIIe Reich. La fermeture des frontières à l'émigration juive dans de telles circonstances, qu'elle soit due à une hostilité antijuive ou au soupçon, à la lâcheté politique ou à un manque de perspicacité politique, ou à la suffisance nationale, pèse lourdement sur la conscience des autorités en question.

Dans les pays où les nazis entreprirent des déportations de masse, la brutalité qui entourait les mouvements forcés de personnes démunies aurait dû laisser supposer le pire. Est-ce que les chrétiens donnèrent tout le secours possible à ces êtres persécutés, et en particulier aux juifs persécutés ?

Beaucoup le firent, mais d'autres non. Ceux qui aidèrent à sauver la vie de juifs, autant que cela était en leur pouvoir, jusqu'à mettre en péril leur propre vie, ne doivent pas être oubliés. Durant et après la guerre, les communautés juives et les chefs de ces communautés exprimèrent leurs remerciements pour tout ce qui avait été fait pour eux, y compris ce que le pape Pie XII fit personnellement ou par l'intermédiaire de ces représentants pour sauver des centaines de milliers de vies juives. Beaucoup d'évêques catholiques, de prêtres, de religieux et de laïcs ont été placés à l'honneur pour cette raison par l'Etat d'Israël.Cependant, comme le pape Jean Paul II l'a reconnu, à côté d'un tel courage d'hommes et de femmes, la résistance spirituelle et l'action concrète d'autres chrétiens n'étaient pas telles qu'on aurait pu l'espérer de la part de serviteurs du Christ. Nous ne pouvons pas savoir combien de chrétiens des pays occupés ou régis par le pouvoir nazi ou leurs alliés furent scandalisés par la disparition de leurs voisins juifs et ne furent néanmoins pas suffisamment forts pour élever des voix de protestation. Pour les chrétiens, cette lourde charge de conscience de leurs frères et soeurs durant la seconde guerre mondiale doit être un appel à la repentance.

Nous regrettons profondément les erreurs et les défaillances de ces fils et filles de l'Eglise. Nous faisons nôtre ce qui est dit dans la déclaration du Concile Vatican II, Nostra Aetate, qui affirme sans ambiguïté : "L'Eglise, attentive à son patrimoine commun avec les juifs et poussée par l'amour spirituel de l'Evangile et non par des considérations politiques, regrette vivement la haine, les persécutions et les manifestations d'antisémitisme dirigées contre les juifs en tout temps et de toute source."

Nous rappelons et restons fidèles à ce que le pape Jean Paul II adressa aux chefs des communautés juives de Strasbourg en 1988, déclarant : "Je répète une nouvelle fois avec vous la plus ferme condamnation de l'antisémitisme et du racisme, qui sont opposés aux principes du christianisme." L'Eglise catholique, par conséquent, répudie toute persécution contre tout peuple ou groupe humain de quelque lieu que ce soit, et en tout temps. Elle condamne absolument toutes les formes de génocide, aussi bien que les idéologies racistes qui les suscitent.

Revenant sur ce siècle, nous sommes profondément attristés par la violence qui a enveloppé des groupes entiers de personnes et de nations. Nous nous rappelons en particulier le massacre des Arméniens, les innombrables victimes en Ukraine dans les années 30, le génocide des Gitans, qui fut également le résultat des idées racistes, et de semblables tragédies qui eurent lieu en Amérique, en Afrique et dans les Balkans. Nous n'oublions pas non plus les millions de victimes de l'idéologie totalitaire en Union soviétique, en Chine, au Cambodge et ailleurs. Nous n'oublions pas encore le drame du Moyen-Orient, dont les éléments sont bien connus. Au moment même où nous menons cette réflexion, beaucoup d'êtres humains sont encore victimes de leurs frères.

V- Vers un futur commun

Regardant le futur des relations entre les juifs et les chrétiens, en premier lieu, nous appelons nos frères et soeurs catholiques à renouveler leur conscience des racines hébraïques de leur foi. Nous leur demandons de garder en esprit que Jésus était un descendant de David ; que la Vierge Marie et les apôtres appartenaient au peuple juif ; que l'Eglise tire substance de la racine de ce bon olivier sur laquelle se sont greffées les branches sauvages des païens (Rm 11, 17-24) ; que les juifs sont nos frères bien aimés et à vrai dire, et en un certain sens, qu'ils sont nos "frères aînés".

A la fin de ce millénaire, l'Eglise catholique désire exprimer sa profonde douleur devant la défaillance de ses fils et de ses filles de tout âge. Ceci est un acte de repentance (Teshouva), puisque, comme membres de l'Eglise, nous sommes liés aux péchés aussi bien qu'aux mérites de tous ses enfants. L'Eglise approche avec un profond respect et une grande compassion l'expérience d'extermination, la Shoah, subie par le peuple juif durant la seconde guerre mondiale. Ce ne sont pas là de simples mots, mais à vrai dire un engagement qui lie et engage pour le futur : "Si nous n'avons pas un ardent désir de justice et si nous ne nous engageons pas nous-mêmes pour assurer que le mal ne domine pas le bien comme il le fit pour des millions d'enfants du peuple juif, nous risquerions de causer une nouvelle fois la mort des victimes des morts les plus atroces. L'humanité ne peut permettre que ceci se reproduise." (Jean Paul II, allocution aux délégués des conférences épiscopales pour les relations avec le judaïsme, 6 mars 1982.)

Nous prions afin que notre douleur devant la tragédie que le peuple juif a subie dans notre siècle mène à une nouvelle relation avec le peuple juif. Nous souhaitons transformer la conscience des péchés passés en une ferme résolution à construire un nouveau futur dans lequel il n'y aura plus d'antijudaïsme parmi les chrétiens ou de sentiments antichrétiens parmi les juifs, mais plutôt un respect mutuel partagé, comme ce qu'il convient à ceux qui adore l'unique créateur et Seigneur, et ont un père commun dans la foi, Abraham.

Enfin, nous invitons tous les hommes et femmes de bonne volonté à réfléchir profondément sur la signification de la Shoah. Les victimes, depuis leur tombeau, et les survivants, à travers le vif témoignage de ce dont ils ont souffert, sont devenus une voix retentissante appelant l'attention de toute l'humanité. "Rappeler au souvenir cette terrible expérience, c'est devenir pleinement conscient de l'avertissement salutaire qu'il engendre. On ne peut plus permettre que la graine altérée de l'antijudaïsme et de l'antisémitisme prenne racine dans le coeur humain." (Commission du Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme, notes sur la manière correcte de présenter les juifs et le judaïsme pour l'enseignement et la catéchèse de l'Eglise catholique, 24 juin 1985.)

 

 

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