I
La Shoah et le devoir de mémoire
Le
XXe siècle touche à sa fin et un nouveau millénaire
de l'ère chrétienne est près d'arriver. Le
2000e anniversaire de la naissance de Jésus-Christ appelle
tous les chrétiens et invite vraiment tous les hommes et
toutes les femmes à chercher à discerner dans le
déroulement de l'histoire les signes du travail de la Divine
Providence ainsi que les façons par lesquelles l'image du
Créateur dans l'homme lui-même a été défigurée. Cette
réflexion concerne un des domaines principaux par
lequel les catholiques puissent prendre sérieusement à coeur
les appels que le pape Jean Paul II leur a adressés dans
sa lettre apostolique de 1994 Tertio Millennio adveniente : "Il
convient qu'à la fin du deuxième millénaire
du christianisme l'Eglise devienne plus consciente de l'état
pécheur de ses enfants, en rappelant toutes les époques
de l'histoire où ils se sont éloignés de l'esprit
du Christ et de son Evangile, et au lieu de présenter au
monde le témoignage d'une vie inspirée par les valeurs
de la foi, ont fait preuve de modes de pensée et d'action
qui constituaient de véritables formes de contre-témoignage
et de scandale."
Ce
siècle a été le témoin d'une innommable
tragédie qui ne pourra jamais être oubliée
: la tentative du régime nazi d'exterminer le peuple juif
avec la mort conséquente de millions de juifs. Femmes et
hommes, vieux et jeunes, enfants et bébés ont été persécutés
et déportés pour la seule raison de leur origine
juive. Certains ont été immédiatement tués
tandis que d'autres ont été humiliés, malmenés,
torturés et privés entièrement de leur dignité humaine
et ensuite assassinés. Très peu de ceux qui sont
entrés dans les camps ont survécu et ceux qui en
ont échappé sont restés marqués à vie.
Ce fut la Shoah. C'est un fait majeur de l'histoire de ce siècle,
un fait qui nous concerne encore aujourd'hui.
Face à cet horrible génocide, que les dirigeants
des nations et des communautés juives ont trouvé difficile à croire
au moment même où il était impitoyablement
mis en application, personne ne peut rester indifférent,
l'Eglise encore moins que tous, en raison de ses liens étroits
de parenté spirituelle avec le peuple juif et son souvenir
des injustices du passé. La relation de l'Eglise avec le
peuple juif est différente de celle qu'elle partage avec
toute autre religion. Cependant, il ne s'agit pas seulement d'évoquer
le passé. L'avenir commun des juifs et des chrétiens
exige que nous nous rappelions qu'"il n'y a pas d'avenir sans
mémoire" (Jean Paul II, allocution à la synagogue
de Rome, 13 avril 1986). L'histoire elle-même est memoria
futuri.
En
adressant cette réflexion à nos frères
et soeurs de l'Eglise catholique à travers le monde, nous
invitons tous les chrétiens à nous rejoindre et à méditer
sur la catastrophe qui est advenue au peuple juif et à l'impératif
moral pour s'assurer que, jamais plus, l'égoïsme et
la haine ne prospèrent jusqu'au point de semer tant de souffrance
et de mort. Plus particulièrement, nous invitons nos amis
juifs dont "le destin terrible est devenu un symbole des aberrations
dont l'homme est capable quand il se retourne contre Dieu" (Jean
Paul II, allocution aux chefs de la communauté juive de
Budapest, 18 août 1991) à nous écouter avec
générosité de coeur.
II- Ce dont nous devons nous souvenir
Tandis
qu'il porte son témoignage unique au "Saint
Israël" et à la Torah, le peuple juif a beaucoup
souffert à plusieurs époques et en de multiples lieux.
Mais la Shoah a été certainement la pire souffrance.
L'inhumanité avec laquelle les juifs ont été persécutés
et massacrés durant ce siècle dépasse la capacité des
mots à l'exprimer. Tout cela leur a été fait
pour la seule raison qu'ils étaient juifs.
La
seule ampleur du crime pose beaucoup de questions. Historiens,
sociologues, philosophes politiques, psychologues
et théologiens
essaient tous d'apprendre davantage sur la réalité de
la Shoah et sur ses causes. Il reste beaucoup de recherches à faire.
Mais un tel événement ne peut être mesuré par
les critères ordinaires de recherche historique seule. Il
appelle à une "mémoire morale et religieuse" et,
plus particulièrement auprès des chrétiens,
une très sérieuse réflexion sur ce qui l'a
provoqué.
Le
fait que la Shoah ait eu lieu en Europe, c'est-à-dire
dans des pays de longue tradition chrétienne, pose la question
de la relation entre la persécution nazie et les attitudes
des chrétiens envers les juifs à travers les siècles.
III-
Les relations entre juifs et chrétiens
L'histoire
des relations entre juifs et chrétiens est dramatique.
Le pape Jean Paul II a reconnu ce fait dans ses appels répétés
aux catholiques à s'interroger sur leur attitude à l'égard
du peuple juif. En effet, le bilan de ces relations sur deux mille
ans a été plutôt négatif.
A
l'aube du christianisme, après la crucifixion de Jésus,
les disputes ont émergé entre l'Eglise primitive
et le peuple juif et ses responsables qui, dans leur dévotion à la
Loi, se sont opposés, violemment parfois, aux annonceurs
de l'Evangile et aux premiers chrétiens. Dans l'Empire romain
païen, les juifs étaient protégés légalement
par des privilèges accordés par l'empereur et, au
départ, les autorités n'ont pas fait de distinction
entre communautés juive et chrétienne. Bientôt,
cependant, les chrétiens ont encouru les persécutions
de l'Etat. Plus tard, lorsque les empereurs eux-mêmes se
sont convertis au christianisme, ils ont commencé d'abord
par garantir les privilèges des juifs. Mais les foules chrétiennes
qui ont attaqué les temples païens ont parfois agi
de même avec les synagogues. Non sans être influencées
par certaines interprétations du Nouveau Testament au sujet
du peuple juif dans son ensemble. "Dans le monde chrétien
je ne dis pas de la part de l'Eglise en tant que telle , des interprétations
erronées et injustes au sujet du peuple juif et sa prétendue
culpabilité ont circulé depuis trop longtemps, engendrant
des sentiments d'hostilité envers ce peuple. De telles interprétations
du Nouveau Testament ont été définitivement
rejetées par le deuxième Concile du Vatican" (Jean
Paul II, discours au symposium sur les racines de l'antijudaïsme,
31 octobre 1997).
Malgré l'enseignement chrétien de l'amour pour
tous, même pour ses ennemis, la mentalité prédominante à travers
les siècles a pénalisé les minorités
et ceux qui étaient de quelque manière que ce soit "différents".
Les sentiments d'antijudaïsme chez certains chrétiens
et le fossé qui existait entre l'Eglise et le peuple juif
ont conduit à une discrimination généralisée
qui a abouti parfois aux expulsions ou aux tentatives de conversions
forcées. Dans une grande partie du monde chrétien,
et jusqu'à la fin du XVIIe siècle, ceux qui n'étaient
pas chrétiens n'ont pas toujours joui d'un statut juridique
entièrement garanti. Malgré ce fait, les juifs se
sont accrochés à leurs traditions et coutumes communautaires
partout dans l'espace chrétien. Par conséquent, ils étaient
objet de suspicion et de méfiance. En temps de crises comme
la famine, les guerres, les épidémies et les tensions
sociales, la minorité juive était parfois prise comme
bouc émissaire et devenait la victime de violences, de pillages
et même de massacres. A la fin du XVIIIe siècle et
au début du XIXe, les juifs en général avaient
acquis un statut égal à celui des autres citoyens
dans la plupart des Etats et certains d'entre eux occupaient des
positions influentes dans la société. Mais dans ce
même contexte historique, notamment au XIXe siècle,
s'établit un nationalisme faux et exacerbé. Dans
un climat de changements sociaux significatifs, les juifs étaient
souvent accusés d'exercer une influence disproportionnée à leur
nombre. Ainsi a commencé à s'étendre, à différents
degrés à travers l'Europe, un antijudaïsme qui était
essentiellement plus sociologique que religieux.
En
même temps, des théories qui niaient l'unité de
la race humaine ont commencé à apparaître en
affirmant une diversité des races à l'origine. Au
XXe siècle, le national-socialisme en Allemagne a utilisé ces
idées comme la base pseudo-scientifique pour une distinction
entre les races soi-disant nordiques-aryennes et les races supposées
inférieures.
En
outre, une forme extrémiste de nationalisme était
mise en avant en Allemagne par la défaite de 1918 et les
conditions exigeantes imposées par les vainqueurs, avec
pour conséquence que beaucoup ont trouvé dans le
national-socialisme une solution au problème de leur pays
et ont coopéré politiquement avec ce mouvement.
L'Eglise
en Allemagne répliqua en condamnant le racisme.
La condamnation apparut d'abord dans la prédication de quelques
membres du clergé, dans l'enseignement des évêques
catholiques et les écrits de certains journalistes catholiques
laïcs. Déjà, en février et mars 1931,
le cardinal Bertram de Breslau, le cardinal Faulhaber et les évêques
de Bavière, les évêques de la province de Fribourg
ont publié des lettres pastorales condamnant le national-socialisme,
avec son idolâtrie de la race et de l'Etat.
Les
célèbres sermons de l'Avent du cardinal Faulhaber
de 1933, l'année même de l'arrivée au pouvoir
du national-socialisme, auxquels ont assisté non seulement
des catholiques mais aussi des protestants et des juifs, exprimaient
clairement le rejet de la propagande antisémite nazie. Dans
le sillage de la Nuit de cristal, Bernhard Lichtenberg, prévôt
de la cathédrale de Berlin, disait des prières publiques
pour les juifs. Il mourut plus tard à Dachau et a été déclaré bienheureux.
Aussi,
le pape Pie XI condamna le racisme nazi de façon
solennelle, dans son encyclique Mit brennender Sorge, qui était
lue dans les églises allemandes le dimanche de la Passion
1937, une étape qui a eu pour conséquence des attaques
et des sanctions contre des membres du clergé. S'adressant à un
groupe de pèlerins belges, le 6 septembre 1938, Pie XI affirma
: "L'antisémitisme est inacceptable. Spirituellement,
nous sommes tous des sémites." Pie XII, dans sa toute
première encyclique, Summi Pontificatus, du 20 octobre 1939,
attira l'attention contre les théories qui niaient l'unité de
la race humaine et contre la déification de l'Etat, qu'il
voyait comme menant à une véritable "heure de
ténèbres".
IV-
L'antisémitisme nazi et la Shoah
Ainsi
nous ne pouvons pas ignorer la différence qui existe
entre l'antisémitisme, basé sur les théories
contraires à l'enseignement constant de l'Eglise sur l'unité de
la race humaine et sur l'égale dignité de tous les
peuples et races, et les sentiments traditionnels de méfiance
et d'hostilité que nous appelons antijudaïsme, dont
les chrétiens ont aussi été coupables, malheureusement.
L'idéologie national-socialiste est allée encore
au-delà, en ce sens qu'elle refusa de reconnaître
toutes réalités transcendantes comme la source de
vie et le critère du bien moral. En conséquence,
un groupe humain, et l'Etat avec lequel il était identifié,
s'est arrogé un statut absolu et s'est déterminé à reconsidérer
la véritable existence du peuple juif, un peuple appelé à témoigner
du Dieu unique et de la Loi de l'alliance. Au niveau de la réflexion
théologique, nous ne pouvons pas ignorer le fait que beaucoup,
dans le parti nazi, montrèrent une aversion pour l'idée
d'une divine providence agissant dans les affaires humaines, mais
donnèrent des preuves bien déterminées de
haine dirigées contre Dieu lui-même. Logiquement,
une telle attitude mène également à un rejet
du christianisme, et à un désir de voir l'Eglise
détruite ou au moins assujettie aux intérêts
de l'Etat nazi. C'était cette idéologie extrême
qui devint la base des mesures prises, d'abord pour chasser les
juifs de leurs foyers, et ensuite pour les exterminer.
La
Shoah était le fruit d'un régime moderne tout à fait
néo-paganiste. Son antisémitisme a ses racines en dehors
du christianisme, et en poursuivant ses objectifs il n'hésita
pas à s'opposer à l'Eglise et à persécuter également
ses membres. Mais il est possible de se demander si la persécution
nazie des juifs n'a pas été facilitée par les
préjugés enracinés dans quelques esprits et
coeurs chrétiens. Est-ce que le sentiment antijuif, parmi
les chrétiens, les rendit moins sensibles, ou même indifférents,
aux persécutions lancées contre les juifs par le
national-socialisme lorsqu'il prit le pouvoir ? Toute
réponse à cette question doit prendre en compte
le fait que nous traitons de l'histoire de l'attitude de personnes
et de leurs manières de penser, qui sont sujettes à de
multiples influences. De plus, beaucoup de personnes étaient
tout à fait ignorantes de la "solution finale" qui était
rendue effective contre un peuple tout entier ; d'autres personnes
avaient peur pour elles-mêmes et pour ceux qui leur étaient
proches ; certains prirent avantage de la situation, et d'autres
encore furent menés par l'envie. Une réponse nécessite
d'être donnée au cas par cas. Pour ce faire, il est
cependant nécessaire de savoir ce qui a précisément
motivé les personnes dans une situation déterminée. D'abord,
les chefs du IIIe Reich cherchèrent à chasser
les juifs. Malheureusement, les gouvernements de certains pays
occidentaux de tradition chrétienne, y compris certains
d'Amérique du Nord et du Sud, furent plus qu'hésitants à ouvrir
leurs frontières aux juifs persécutés. Bien
qu'ils ne pouvaient prévoir jusqu'où les hiérarchies
nazies iraient dans leurs intentions criminelles, les chefs de
ces nations étaient conscients des épreuves et des
dangers auxquels étaient exposés les juifs vivant
dans les territoires du IIIe Reich. La fermeture des frontières à l'émigration
juive dans de telles circonstances, qu'elle soit due à une
hostilité antijuive ou au soupçon, à la lâcheté politique
ou à un manque de perspicacité politique, ou à la
suffisance nationale, pèse lourdement sur la conscience
des autorités en question. Dans
les pays où les nazis entreprirent des déportations
de masse, la brutalité qui entourait les mouvements forcés
de personnes démunies aurait dû laisser supposer le
pire. Est-ce que les chrétiens donnèrent tout le
secours possible à ces êtres persécutés,
et en particulier aux juifs persécutés ? Beaucoup
le firent, mais d'autres non. Ceux qui aidèrent à sauver
la vie de juifs, autant que cela était en leur pouvoir,
jusqu'à mettre en péril leur propre vie, ne doivent
pas être oubliés. Durant et après la guerre,
les communautés juives et les chefs de ces communautés
exprimèrent leurs remerciements pour tout ce qui avait été fait
pour eux, y compris ce que le pape Pie XII fit personnellement
ou par l'intermédiaire de ces représentants pour
sauver des centaines de milliers de vies juives. Beaucoup d'évêques
catholiques, de prêtres, de religieux et de laïcs ont été placés à l'honneur
pour cette raison par l'Etat d'Israël.Cependant, comme le
pape Jean Paul II l'a reconnu, à côté d'un
tel courage d'hommes et de femmes, la résistance spirituelle
et l'action concrète d'autres chrétiens n'étaient
pas telles qu'on aurait pu l'espérer de la part de serviteurs
du Christ. Nous ne pouvons pas savoir combien de chrétiens
des pays occupés ou régis par le pouvoir nazi ou
leurs alliés furent scandalisés par la disparition
de leurs voisins juifs et ne furent néanmoins pas suffisamment
forts pour élever des voix de protestation. Pour les chrétiens,
cette lourde charge de conscience de leurs frères et soeurs
durant la seconde guerre mondiale doit être un appel à la
repentance. Nous
regrettons profondément les erreurs et les défaillances
de ces fils et filles de l'Eglise. Nous faisons nôtre ce
qui est dit dans la déclaration du Concile Vatican II, Nostra
Aetate, qui affirme sans ambiguïté : "L'Eglise,
attentive à son patrimoine commun avec les juifs et poussée
par l'amour spirituel de l'Evangile et non par des considérations
politiques, regrette vivement la haine, les persécutions
et les manifestations d'antisémitisme dirigées
contre les juifs en tout temps et de toute source." Nous
rappelons et restons fidèles à ce que le pape
Jean Paul II adressa aux chefs des communautés juives de
Strasbourg en 1988, déclarant : "Je répète
une nouvelle fois avec vous la plus ferme condamnation de l'antisémitisme
et du racisme, qui sont opposés aux principes du christianisme." L'Eglise
catholique, par conséquent, répudie toute persécution
contre tout peuple ou groupe humain de quelque lieu que ce soit,
et en tout temps. Elle condamne absolument toutes les formes de
génocide, aussi bien que les idéologies racistes
qui les suscitent. Revenant
sur ce siècle, nous sommes profondément
attristés par la violence qui a enveloppé des groupes
entiers de personnes et de nations. Nous nous rappelons en particulier
le massacre des Arméniens, les innombrables victimes en
Ukraine dans les années 30, le génocide des Gitans,
qui fut également le résultat des idées racistes,
et de semblables tragédies qui eurent lieu en Amérique,
en Afrique et dans les Balkans. Nous n'oublions pas non plus les
millions de victimes de l'idéologie totalitaire en Union
soviétique, en Chine, au Cambodge et ailleurs. Nous n'oublions
pas encore le drame du Moyen-Orient, dont les éléments
sont bien connus. Au moment même où nous menons cette
réflexion, beaucoup d'êtres humains sont encore victimes
de leurs frères.
V- Vers un futur commun
Regardant
le futur des relations entre les juifs et les chrétiens,
en premier lieu, nous appelons nos frères et soeurs catholiques à renouveler
leur conscience des racines hébraïques de leur foi.
Nous leur demandons de garder en esprit que Jésus était
un descendant de David ; que la Vierge Marie et les apôtres
appartenaient au peuple juif ; que l'Eglise tire substance de la
racine de ce bon olivier sur laquelle se sont greffées les
branches sauvages des païens (Rm 11, 17-24) ; que les juifs
sont nos frères bien aimés et à vrai dire,
et en un certain sens, qu'ils sont nos "frères aînés". A
la fin de ce millénaire, l'Eglise catholique désire
exprimer sa profonde douleur devant la défaillance de ses
fils et de ses filles de tout âge. Ceci est un acte de repentance
(Teshouva), puisque, comme membres de l'Eglise, nous sommes liés
aux péchés aussi bien qu'aux mérites de tous
ses enfants. L'Eglise approche avec un profond respect et une grande
compassion l'expérience d'extermination, la Shoah, subie
par le peuple juif durant la seconde guerre mondiale. Ce ne sont
pas là de simples mots, mais à vrai dire un engagement
qui lie et engage pour le futur : "Si nous n'avons pas un
ardent désir de justice et si nous ne nous engageons pas
nous-mêmes pour assurer que le mal ne domine pas le bien
comme il le fit pour des millions d'enfants du peuple juif, nous
risquerions de causer une nouvelle fois la mort des victimes des
morts les plus atroces. L'humanité ne peut permettre que
ceci se reproduise." (Jean Paul II, allocution aux délégués
des conférences épiscopales pour les relations avec
le judaïsme, 6 mars 1982.) Nous
prions afin que notre douleur devant la tragédie que
le peuple juif a subie dans notre siècle mène à une
nouvelle relation avec le peuple juif. Nous souhaitons transformer
la conscience des péchés passés en une ferme
résolution à construire un nouveau futur dans lequel
il n'y aura plus d'antijudaïsme parmi les chrétiens
ou de sentiments antichrétiens parmi les juifs, mais plutôt
un respect mutuel partagé, comme ce qu'il convient à ceux
qui adore l'unique créateur et Seigneur, et ont un père
commun dans la foi, Abraham. Enfin,
nous invitons tous les hommes et femmes de bonne volonté à réfléchir
profondément sur la signification de la Shoah. Les victimes,
depuis leur tombeau, et les survivants, à travers le vif
témoignage de ce dont ils ont souffert, sont devenus une
voix retentissante appelant l'attention de toute l'humanité. "Rappeler
au souvenir cette terrible expérience, c'est devenir pleinement
conscient de l'avertissement salutaire qu'il engendre. On ne peut
plus permettre que la graine altérée de l'antijudaïsme
et de l'antisémitisme prenne racine dans le coeur humain." (Commission
du Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme,
notes sur la manière correcte de présenter les juifs
et le judaïsme pour l'enseignement et la catéchèse
de l'Eglise catholique, 24 juin 1985.)
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