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1999-2018

 

NICE TUNIS ALEXANDRIE, LA MÉDITERRANÉE DE PATRICK MODIANO
Annie Demeyere
PORTRAITS DE L'ARTISTE DANS L'ŒUVRE DE PATRICK MODIANO

 

L’œuvre de Patrick Modiano, né en 1945, se déroule sur deux axes paradoxaux. Le premier fait appel à son talent de description, à la grande précision de détails réalistes. Les personnages de ses romans parcourent le labyrinthe des villes avec une patience d’arpenteur. L’axe second est sa capacité à suggérer, à partir de cette méticulosité maniaque, un monde sans repères, un monde d’ombres et de fantômes.

Les villes de Nice, Tunis, Alexandrie, emblèmes à la fois biographiques et romanesques, s’inscrivent dans ce double mouvement de vérité topographique et d’effacement nostalgique. Chez l’écrivain l’espace de la ville renvoie aux couches temporelles en un palimpseste qu’il effeuille avec la complicité inquiète de son lecteur. Et si ces villes méditerranéennes, qu’il caresse plutôt qu’il n’investit, sont, selon Salah Stétié, des non-lieux, elles portent chacune la trace d’une blessure et de son pansement par le tissage de l’écriture. Elles incarnent chacune une mémoire.

De Nice le narrateur de Dimanches d’août retient l’inquiétante étrangeté, la théorie maussade des retraités sur la Promenade des Anglais. Il pleut sur Nice dans ce roman où l’intrigue policière dévoile une ville qui tourne le dos à la mer. La Grande Bleue est citée incidemment, sans conviction : Il fallait choisir une ville importante où nous passerions inaperçus. Nice comptait plus de cinq cent mille habitants parmi lesquels nous pourrions disparaître. Ce n’était pas une ville comme les autres. Et puis, il y avait la Méditerranée…

Il le dit lui-même dans une interview …On prend à Nice une retraite comme on choisit un exil. C’est une ville inquiétante, décalée, où la déchéance est trop ambiguë pour être fitzgéraldienne .

Le Nice de Modiano n’est pas celui du «Vieux Nice», du nissart et du terroir. L’univers de l’écrivain est celui du Nice cosmopolite, composite, le Nice de l’exil, des Russes, des étrangers. Même si Kenneth Brown a raison dans son intervention d’accorder à Marseille un certificat de cosmopolitisme au détriment de Nice, il semble que le regard de l’anthropologue n’est pas tout à fait celui de l’écrivain. Modiano exhume du passé réfugiés en zone libre, exilés, Anglais, Russes, gigolos, croupiers corses du Palais Méditerranée, et aussi les Anglaises tuberculeuses, les Américains jazzy des années folles. Même si ces communautés sont restées repliées sur elles-mêmes, elles ont inscrit dans l’architecture de la ville leur identité entre Orient et Occident. La mémoire de la pierre est cosmopolite. Et comment nier à une ville italienne jusqu’en 1860 son statut de ville cosmopolite ? Au 19ème siècle, Nice était une des rares cités où on pouvait aller librement aux églises romaines, grecques ou russes, aux temples vaudois, anglican, à la synagogue .

Jean Marie Gustave Le Clézio, né à Nice, l’ a aussi très bien perçu quand il témoigne de son expérience :

Nice, dans les années cinquante et soixante, était l’endroit rêvé où rendre un culte intérieur et un peu désespéré à l’île Maurice de mes ancêtres. La réalité semblait ne cesser de s’y transformer, des populations très pauvres, venues de tous les coins de l’Europe et de l’Asie, des Russes, des Italiens, des Grecs, des émigrés africains, et les premiers rapatriés fuyant la guerre d’Algérie, s’y croisaient chaque jour, et quelque chose de la pensée classique, c’est-à-dire de la philosophie, y était encore perceptible.

Peut-être, à un degré différent et sur un autre mode ce qu’était Alger ou Beyrouth à la même époque .

Les vérités du romancier et de l’anthropologue restent conformes à leur champ d’investigation, l’un explorant l’imaginaire, l’autre l’actualité des échanges interculturels. Mais ceci est un autre débat.

Le triangle de ces trois villes, certes caressées, mais capables, par leurs noms, leurs monuments palimpsestes, la carte d’identité de leurs rues, d’éveiller le temps proustien, fait se correspondre Nice Alexandrie Tunis. Nice est essentiellement pour le narrateur de Dimanches d’août et ses nombreux habitants un endroit ensoleillé pour gens pas très clairs, selon le mot de Somerset Maugham. A Nice on fuit vers la zone libre, on descend depuis les brumes du Nord vers la lumière méditerranéenne. Mus du Nord vers Sud, en une métonymie de la pente vers la mort, les personnages modianiens se brisent sur la mer comme un échouage inversé, un échec existentiel. La ville les renvoie à leurs gloires passées. Nice comme Alexandrie et Tunis sont des réservoirs de nostalgie, d’un passé idéalisé. Lourde mémoire qui empoisonne et emprisonne le présent, fait peser sur l’instant présent l’angoisse des actes non élucidés. L’écrivain veut se soulager du fardeau des souvenirs encombrants que le lieu transmet dans les plis de la pierre. Il rêve en remontant vers Cimiez, cette colline de Nice où les paquebots des hôtels remplacent les sillages des vrais bateaux :

J’avais pris ma fille dans mes bras et elle dormait, la tête renversée sur mon épaule. Rien ne troublait son sommeil.

Elle n’avait pas encore de mémoire .Entre la table rase de la mémoire, et le fatras des souvenirs, certains lieux, certaines villes génèrent dans le souvenir de leurs occupants, et des romanciers qui rêvent à leur place, le sentiment mitigé d’irréalité ou de surréalité. Comme l’écrit Jacques Lecarme :

Dans son Livret de famille, il (Patrick Modiano) rêve à l’Extrême-Orient, sans que ces projets reçoivent un commencement d’exécution. Mais il se persuade que sa lignée a connu jadis du côté d’Alexandrie ou de Salonique un bonheur parfait.

…Du coup l’Egypte du roi Farouk…devient un paradis perdu, raffiné, corrompu, et profondément aimable.

C’est par son père, juif d’Alexandrie, que Modiano a un contact biographique avec la méditerranée, Orient méditerranéen qu’il réintègre en épousant Dominique Zehrfuss, dont la mère, née Scemamma, est tunisienne.

Un épisode de Livret de famille raconte un voyage à Tunis et Sidi-Bousaïd, en compagnie de sa femme. Cette réconciliation efface peut-être le sentiment d’abandon : Nous n’avions plus de nouvelles de nos parents. La dernière carte postale de notre mère était une vue aérienne de Tunis… .

A la fin de cet été-là, je me suis marié. Les mois qui précédèrent cette étonnante cérémonie, je les ai passés avec celle qui allait devenir ma femme, dans son pays, en Tunisie. Là-bas, le crépuscule n’existe pas. Il suffisait de s’assoupir un instant sur la terrasse de Sidi-Bou-Saïd et la nuit était tombée.

Nous quittions la maison et son odeur de jasmin. C’était l’heure où, au café des Nattes, les parties de belote s’organisaient autour d’Aloulou Cherif. Nous descendions la route qui mène à la Marsa et surplombe la mer que l’on voit très tôt le matin, enveloppée d’une vapeur d’argent. Puis, peu à peu, elle prend la teinte de cette encre que j’aimais dans mon enfance parce qu’on nous interdisait de l’utiliser à l’école : bleu floride.

On entendait le ressac de cette mer et le vent m’apportait les derniers échos d’Alexandrie et de plus loin encore, ceux de Salonique et de bien d’autres villes avant qu’elles n’aient été incendiées. J’allais me marier avec la femme que j’aimais et j’étais enfin de retour dans cet Orient que nous n’aurions jamais dû quitter .

La mer, prend ici une force apaisante. La couleur de la méditerranée, instable selon les civilisations qui l’ont bordée, vert ou bleu, couleur de mer jeune ou usée, est soumise à une transmutation quasi alchimique. En une seule phrase l’écrivain fait surgir comme du fond de la mer un navire échoué avec toutes ses cordes et ses amarres, ses nœuds de l’enfance où se mêlent émerveillement et interdit. Et l’encre est celle de l’écriture, gagnée sur l’oubli, liée à la lumière du mot floride qui donne à cet état américain on ne sait quel air méditerranéen. Plus lointain que le Carthago delenda est, la mémoire de l’écrivain plonge dans un passé a-historique pour ressentir enfin une fugace harmonie. L’écrivain pose un instant son fardeau. C’est la femme ici, l’épouse, qui sert de muse à la réconciliation. Trêve de courte durée car comme le dit Jacques Lecarme :

….En fait depuis la fondation de l’état d’Israël, les Modiano ne se sentent plus tout à fait chez eux dans ce Maghreb lumineux. Les écrits d’Albert Cohen et d’Edmond Jabès nous indiquent que ces grands méditerranéens n’ont jamais tenté de retourner dans leur pays d’origine ni de s’acclimater en Israël : ils ont construit leur espace poétique, l’un à Genève, l’autre à Paris.

A partir de 1980, ce mirage de l’Eden oriental va disparaître de l’œuvre de Modiano. …Si le Maroc survit comme un refuge (vestiaire de l’enfance) c’est pour un écrivain raté qui cherche son salut dans un anéantissement ensoleillé .Emblématique de la valeur négative de l’Orient perdu, le père endosse les défauts méditerranéens, selon les clichés d’usage, faconde, tartarinades, mythomanie.

Vendeur de kaléidoscopes dans La Place de l’Etoile, la figure paternelle ne cesse de hanter l’œuvre. Dans sa jeunesse chaotique, l’écrivain rencontre son père au hasard des hôtels dont il dit dans Villa triste :

Halls d’hôtels où mon père me donnait rendez-vous, avec leurs vitrines, leurs glaces et leurs marbres, et qui ne sont que des salles d’attente. De quoi au juste ? Relents de passeports Nansen . Un homme et une ville, Alexandrie symbolisent l’exil, l’errance identitaire, matrice de tous les personnages d’apatrides. Et le narrateur de Villa triste, à la question d’un client de l’hôtel où il réside à Lausanne a cette révélation :

- Dites moi, vous êtes parent avec les Chmara d’Alexandrie ?

Il se penchait, l’œil avide, et j’ai compris pourquoi j’avais choisi ce nom, que je croyais sorti de mon imagination : il appartenait à une famille d’Alexandrie dont mon père me parlait souvent . Dans ce roman le personnage de Pulli va exprimer à plusieurs reprises la douloureuse nostalgie de l’Egypte, comme un paradis perdu, une Utopie, ce paradis qui correspond dans l’histoire de la ville au temps du roi Farouk à cette harmonie fragile des communautés. Il veut entraîner Chmara dans cette complicité de deux exilés d’une même ville idéalisée, mais le narrateur n’est pas dupe. Lui demander à mon tour s’il était lui-même parent de l’une des relations louches de mon père, cet Antonio Pulli qui faisait office de confident et de secrétaire du roi Farouk .

C’est la mémoire, la légende alexandrine qui nourrissent l’imagination des narrateurs.

Mon grand-père, lui, avait passé son enfance et une partie de sa jeunesse à Alexandrie avant de partir pour le Vénézuéla .D’autres personnages font partie de cette lointaine famille orientale, de ces connaissances que le père a côtoyées dans cet univers parisien interlope où il passait comme un fantôme dans de luxueux hôtels…

Ce père et tous ses avatars sont composés de la même pâte que les habitants d’Alexandrie où

A la fin du XIXème siècle on pouvait avoir encore plusieurs nationalités et jouer d’elles comme de cartes de crédits . Ce représentant de nulle part, aux noms et aux identités multiples selon les confidences de l’écrivain, a nourri en Patrick Modiano ces interrogations sur l’identité :

C’est dans ce tissu de relations et de solidarités qu’Alexandrie s’est épanouie, par la grâce d’un système qui laissait place à tous les jeux possibles de l’identité, dans une cité qui ne se reconnaissait totalement ni dans l’Egypte ni dans les définitions nationales européennes .Au fond Patrick Modiano, aussi méfiant qu’il soit envers ce père qu’il détestait, n’en a pas moins gardé le nom, et inscrit sa généalogie dans les Juifs de Livourne, de Salonique ou d’Alexandrie. Et tous ces noms composites que l’écrivain affectionne, puzzle de plusieurs nationalités, montage de prénoms et de noms, il les a sans doute puisés dans l’onomastique des Juifs d’Alexandrie. Jacques Hassoun en donne une liste . La liste des noms des Si braves garçons, pensionnaires du lycée Valvert à Jouy en Josas sonnent comme autant de noms modianiens, hybrides, composites soulignant l’identité incertaine des apatrides, des exilés…

Quand ils sont à Paris, à Lausanne, les personnages alexandrins vivent dans le chair la déchirure de l’Histoire. Les villes comme Alexandrie continuent de nourrir les traumatismes des départs nécessaires.

Badrawi était d’origine égyptienne et sa famille avait quitté Alexandrie après la chute du roi Farouk.

Badrawi vivait dans la peur de se faire assassiner.

Badrawi retrouvait au soleil une insouciance orientale et craignait beaucoup moins de se faire assassiner .Dans la biographie imaginaire de Harry Dressel, père de Denise, le narrateur projette ses rêveries orientales :

Le départ et le séjour en Egypte de 1951 m’inspiraient particulièrement et ma plume courait sur le papier. Entre Le Caire et Alexandrie j’étais chez moi . Autour des souvenirs d’Alexandrie rôde souvent la mort. Même en Tunisie, à Sidi Bou Saïd, où le narrateur de Livret de Famille vit des moments heureux, le souvenir de tragédies inexpliquées s’insinue. Ainsi le destin d’Asmahane, rivale d’Oum Kalsoum, retrouvée noyée dans sa Rolls à l’entrée du port d’Alexandrie, vient-il porter une ombre légère à ces instants de paix, de convivialité :

En face, au Zéphir, les gens se pressaient pour boire le thé au pignon ou jouer aux dominos. Nous entendions le murmure des conversations que la nuit accueillait. De temps en temps, la blancheur phosphorescente d’une djellaba. Le cinéma, de l’autre côté de la rue, affichait « vacances romaines » et en première partie, un film arabe avec Farid al Atrache. Je possède une photo ancienne de cet acteur où on le voit en compagnie de sa sœur, la chanteuse Asmahane. Tous deux appartenaient à une famille princière du djebel Druze. La photo me fut donnée cette année là par un vieux coiffeur de la Marsa dont la boutique se trouvait dans la première rue, à droite, après le cinéma. Il l’avait exposée au milieu de la vitrine et j’avais été frappée par la ressemblance de ma femme et de l’étrange Asmahane, chanteuse et espionne, dit-on .

Violences, assassinats brouillent le visage heureux d’Alexandrie comme le souvenir de ce personnage d’Alexandre Scouffi dans Rue des Boutiques obscures. Sèche fiche d’identité, fiche de police qui résume le parcours et la déchéance d’un homme.

Objet : Scouffi Alexandre.

Née à : Alexandrie (Egypte)le 28 avril 1885.

Nationalité : grecque…..

Il semble que Scouffi fréquentait les bars spéciaux de Montmartre. Scouffi avait de gros revenus qui lui provenaient des propriétés qu’il hérita de son père, en Egypte.

Assassiné dans sa garçonnière du 97, rue de Rome. L’assassin n’a jamais été identifié .

Ce personnage est relié aux amis du père, aux réunions mystérieuses où ne pouvaient se traiter que des affaires véreuses.

Mais ce personnage alexandrin avait été annoncé un an auparavant dans Livret de famille. Il se prénomme alors Alec Scouffi :

Dès nos premières rencontres, il (Badrawi) me confia son secret. Il avait sans cesse à l’esprit l’exemple d’un des ses cousins, un certain Alec Scouffi, assassiné à Paris en 1932, sans qu’on eût jamais élucidé les circonstances de ce meurtre. Scouffi était natif d’Alexandrie et avait publié deux romans en langue française et une biographie du chanteur Caruso .

Badrawi et Alec Scouffi sont-ils en fait la même personne ? Le narrateur le soupçonne. Et en fin de compte, le personnage surnommé Le Gros, est-ce Badrawi ? En tout cas le destin du Gros révèle tout un pan de l’histoire alexandrine. Ridiculisé, moqué, en butte aux sarcasmes de la femme qu’il aime, noyant son chagrin dans les sucreries, il décide un jour de montrer à ses amis les images d’un film :

Il s’agissait d’une ancienne bande d’actualités qui datait d’au moins trente ans. Un jeune homme très beau, très svelte et très grave se tenait à la proue d’un navire de guerre qui entrait lentement dans le port d’Alexandrie. Une foule immense avait envahi la rade et l’on voyait s’agiter des milliers et des milliers de bras. Le bateau accostait et le jeune homme saluait aussi du bras. La foule disloquait les barrages de police, envahissait le quai et tous les visages extasiés étaient tournés vers le jeune homme, sur le bateau. Il n’avait pas plus de seize ans, son père venait de mourir, et il était depuis hier soir, roi d’Egypte. Il semblait ému et intimidé par cette ferveur qui montait jusqu’à lui, cette foule en délire, cette ville pavoisée. Tout commençait. L’avenir serait radieux. Ce jeune homme plein de promesses, c’était le Gros .

Si un jour on devait repérer, d’un livre à l’autre, les métamorphoses d’un personnage, nul doute que le tracé alexandrin suivrait les mêmes voies modianiennes de la déchéance, de la perte, à l’instar de tous ses personnages. Losers, ballottés par l’Histoire de cette Egypte tiraillée entre l’Orient et l’Occident, ils acquièrent une profondeur particulière de puiser aux sources de la généalogie paternelle. Alexandrie est souvent déclinée sous la forme d’Alexandre (Alexandre Scouffi, l’Alexandre de Place de l’Etoile). Et ce redoublement du mot révèle l’obsession du signifiant.

La mémoire tunisienne, plus actualisée, plus intime, est une parenthèse plus heureuse.

Par l’empathie de l’écrivain avec ses personnages, par le recours permanent à l’auto-fiction, Patrick Modiano restitue à Nice, Tunis, Alexandrie leur profondeur de champ. Dans Livret de Famille, Nice et Tunis, si belle assonance, sont les deux ports de la traversée intime. Alexandrie, Salonique, Livourne font partie du roman familial et de la légende personnelle nourrie par l’absence du père. Si l’écriture fait de Paris le lieu de la mémoire immédiate, de l’écrivant, selon la terminologie de Roland Barthes, la généalogie erratique et métissée du grand-père, du père, en rencontrant la mémoire maternelle du Nord, fait de Patrick Modiano un écrivain.

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