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© LittératureS & CompagnieS
1999-2018

 

Caroline. ZIOLKO

Photos, blogs & Co....

 

Les gens d'images sont le plus souvent proches des arts plastiques ou de la communication. Ils s'attachent donc tout naturellement avant tout à l'aspect plastique des images ou des volumes qu'ils conçoivent et réalisent.

Les self médias avec plus récemment l'introduction du tout numérique ouvrent de nouvelles perspectives créatives.

Réaliser des images (sur palettes graphique) ou des photographies (numériques) n'exige plus une longe et laborieuse formation technique. L'outil numérique révolutionne et démocratise la production des images dans sa finalité, son économie, son esthétique même.

Réaliser des photographies techniquement acceptables et souvent même de qualité professionnelle, en très grande quantité, à moindre coût est devenu, grâce au numérique très accessible.

Plasticiens, scientifiques et littéraires ou purs amateurs peuvent donc s'emparer des Nouvelles Technologies pour communiquer, exprimer ou s'exprimer en toute liberté.... La question qui se pose est la suivante: cette fabuleuse simplification technologique loge-t-elle tous les possesseurs d'appareils numériques à la même enseigne?

Que révèle l'observation attentive des blogs? ... Ces nouvelles fenêtres publiquement et impudiquement ouvertes via le Net pour afficher au grand jour créations graphiques, cinématographiques, littéraires ou photographiques les plus secrètes, les plus intimes, les plus savantes ou les plus décevantes?

Un blog à part…

D'un point de vue sémiologique, considérer les résultats tirés par un littéraire de l'outil numérique est intéressant.

En effet la construction de la narration, du récit ou de toute autre forme de discours relève effectivement des compétences de l'écrivain. Sur Internet un peut trouver un blog signé Bernard Obadia.

Cet universitaire affiche régulièrement ses textes, recherches et photographies personnelles. Bernard Obadia écrit pour le théâtre. Il enseigne également la littérature au niveau universitaire.

Dans Littératures et Compagnies, Bernard Obadia propose dans Représentations, Quitter le temps, La Collection.... ses productions photographiques...

A travers La Collection, se dessinent peu à peu au fil des mois trois catégories d'images, s’organisant selon deux axes complémentaires mais plastiquement et sémiologiquement distincts. On identifie donc des photographies représentant:

- des volumes vides ou pleins (prises de vues d'espaces publics extérieurs: rues, immeubles...)

- des reflets et interfaces ( la ville perçue sur des surfaces de transition, écrans visuels entre l'espace public et semi-public)

- des espaces et objets collectifs semi-privés (considérés dans des lieux d'exposition, salles de spectacle, véhicules...)

Dans la première catégorie s'inscrivent les prises de vue en extérieur. Au soleil. A l'air libre. Dans l'espace public.... La structuration de l'image, souvent orthogonale, rigide et méthodique fait écho à des couleurs vibrantes, saturées, affichées en nombre limité sur chaque prise de vue.

Tensions extrêmes entre les lignes, les couleurs, les surfaces à l'intérieur du cadre de l'image.

Ces photos sont construites comme des compositions picturales abstraites. Même si les titres proposés par l'auteur sont très et même souvent trop précis et ciblés.

Décors ou plutôt scénographies d'espaces urbains où les vides se donnent à lire comme des sujets à part entière. Là où le passant ne voit rien in situ. Le photographe donne à voir, matérialise et photographie un entre deux béant, une absence dans l'espace construit et vécu.... Vide social ou sociétal dans lequel l'individu, les individus (par deux ou trois) ne font que de rares apparitions (sur l'écran).

Car il s'agit bien d'un écran que Bernard Obadia anime en diaporama dans une rubrique option de La Collection. Ces séquences construisent souvent une narration schématique et muette. Un enchaînement sémantique logique ou simplement plastique. C'est à dire fondé sur les directions, les formes, les couleurs des éléments de la séquence d'images. Forme indéfinie et abstraite d'un discours sur et de l'espace.

La seconde catégorie s'intéresse non plus aux espaces ou volumes mais aux images engendrées spontanément par les constructions et les paysages sur des surfaces réfléchissantes. Vitres de trains, vitrines, vitres...

L'éphémère urbain, ses compositions et déconstructions formelles ne construisent pas seulement des formes plastiquement attrayantes à nos yeux. C'est toute l'ambiguïté du réel qui se donne à lire dans l'objectivité déformante de ces surfaces réfléchissantes.

Ce que l'imaginaire du plasticien recrée à grand frais d'artifices graphiques, Bernard Obadia l'enregistre tranquillement, méthodiquement, scrupuleusement comme un récit fantastique, un conte à dormir debout, une histoire sans parole, sans rime ni raison... juste pour le plaisir des mots ici mis en images avec leurs déformations picturales. Les tonalités de l'image sont ici plus discrètes, pastelles, fluides ...

L'image photographique toujours plurielle et mouvante lors de la prise de vue, offre ici un résultat émouvant. Inattendu. Même quand on croit que tout est maîtrisé...ou au contraire délibérément laissé au hasard. Discours à la troisième personne du singulier où l'espace se parle à lui-même en nous renvoyant sa propre image....mirage d'une civilisation urbaine du paraître et du disparaître à grande vitesse.

Enfin se retrouvent les clichés dérobés dans des espaces plus intimes.... Ils ne sont pas plus peuplés sur l'image. Mais la proximité des autres: passants, visiteurs, lecteurs.....est perceptible ou visible même si elle reste minimaliste. Cadrage plus serré. Travail révélant la matérialité des sujets, des couleurs et des formes... Contrastes plus affirmés. Palette souvent restreinte.

Là, le rapport du photographe au sujet est différent. Plus impliqué. Même très impliqué. Voire implanté dans l'action. Une action bien souvent purement mécanique, numérique, statique, analytique. Un discours à la première personne?

Bernard Obadia traque le sens, le signifié, celui qui circule entre le réel et le perçu, entre le codage de l'image et le décodage de la perception. Et ses images détraquent nos idées reçues, nos à priori sur le photographique d'aujourd'hui, le numérique qui pénètre en force la pratique de l'image professionnelle ou non.

Alors, la littérature comme pré requis pour une bonne maîtrise de la photographie contemporaine ou celle de demain?

Pour une pratique photographique ou la forme et le sens cohabitent, se structurent et s'entrechoquent pour mieux exprimer et non pas seulement communiquer. Pour raconter le monde intérieur du photographe sa vision, ses passions, ses aversions... Celles de chacun de nous, relues et interprétées par la psychologie... de la forme.... de l'art...et de la matière ....numérique..., par la psychanalyse... des contes de fées...... Car la vie, ne l’oublions pas, en littérature n’est jamais qu’un songe.

C. ZIOLKO, plasticienne, enseignante en sémiologie des arts visuels


 

 

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 © Caroline Ziolko